
Le géant américain s’offre ainsi Wiz, une pépite qui conçoit des logiciels de cybersécurité pour le cloud, basée à New York et Tel-Aviv. Elle l’avait éconduit à l’été dernier.
La deuxième tentative aura été la bonne. Après une première approche à l’été dernier, Google s’offre la start-up de cybersécurité Wiz. Le géant de Mountain View va débourser 32 milliards de dollars pour mettre la main sur cette jeune pousse américano-israélienne qui conçoit un modèle de sécurité informatique axé sur l’utilisation du cloud. C’est de loin la plus grosse acquisition jamais réalisée par Google. Le record était jusque-là détenu par le rachat en 2011 pour 12,5 milliards de dollars de Motorola Mobility, revendu entretemps.
Here is the true spirit of Israel.
The four founders of #Wiz, who have just sold their cybersecurity company to Google for 32 billion dollars, have put up a sign in central Tel Aviv: “Only one deal truly matters”.
The hostage deal.
Respect. https://t.co/gtdcsD5LsA— Fania Oz-Salzberger 🇮🇱🟣⚖️ פניה עוז-זלצברגר (@faniaoz) March 20, 2025
Wiz va permettre à Google de se renforcer dans la sécurité informatique et de continuer à muscler son activité de cloud. Un domaine extrêmement compétitif où il reste challenger derrière Amazon Web Services et Microsoft Azure. La demande est en plein essor en raison des besoins en puissance de calcul des entreprises d’IA générative. Mais l’utilisation croissante du cloud augmente aussi les risque d’attaques informatiques, les entreprises recourant à des infrastructures situées sur des sites différents. Google s’était déjà emparé, en 2022, d’un autre acteur de la cybersécurité, l’américain Mandiant, moyennant 5,4 milliards de dollars.
« L’intelligence artificielle présente de nouveaux risques, mais aussi de nouvelles opportunités », a déclaré le patron de Google, Sundar Pichai, lors d’une conférence téléphonique. L’intégration de Wiz à Google pourra « accélérer la capacité des entreprises à renforcer leur sécurité, tout en abaissant leurs coûts, et favoriser l’adoption de l’informatique à distance (ou cloud) », a-t-il ajouté. « Notre mission est d’aider toutes les sociétés à sécuriser tout ce qu’elle réalisent et font tourner dans le cloud, quel que soit le cloud utilisé, a déclaré de son côté Assaf Rappaport, cofondateur et PDG de Wiz. La migration vers le cloud a transformé la façon dont les logiciels sont conçus ».
From our earliest days, Google’s strong security focus has made us a leader in keeping people safe online. Today, businesses and governments are looking for even stronger security solutions and greater choice in cloud computing providers. Together, @GoogleCloud + @Wiz_io will… https://t.co/vuY9bScC1u
— Sundar Pichai (@sundarpichai) March 18, 2025
En quelques mois, Wiz – qui compte Andreessen Horowitz et Sequoia comme investisseurs – est donc parvenu à faire monter les enchères. L’offre initiale de Google était de 23 milliards de dollars. En 2022, la dernière levée de fonds de Wiz, d’un montant d’un milliard de dollars, valorisait l’entreprise 12 milliards. Une valeur qui était montée à 16 milliards en fin d’année dernière lors d’une vente d’actions. Google paie donc le prix fort pour s’offrir la start-up.
Officiellement, les négociations avaient tourné court à l’été dernier en raison du projet d’introduction en Bourse de Wiz. Assaf Rappaport avait écrit à ses employés pour leur faire part de ses intentions. «Alors que nous sommes flattés par les offres que nous avons reçues, nous avons choisi de continuer notre propre chemin en construisant Wiz», avait-il écrit, mettant fin à une semaine de suspense.
En réalité, Wiz aurait finalement éconduit Google faute d’accord sur la place qu’aurait la jeune pousse à Mountain View. Ses fondateurs souhaitaient que Wiz conserve son autonomie au sein de l’entreprise et ne soit pas intégré à Google Cloud, selon le Wall Street Journal. La crainte d’obstacles en matière d’antitrust – qui auraient fait perdre des mois en procédures – aurait également douché l’enthousiasme des fondateurs et investisseurs de Wiz.
Une croissance exponentielle
Basé à New York et à Tel-Aviv, Wiz n’a cessé de susciter les convoitises dans l’univers de la cybersécurité. La société a été fondée en 2020 par quatre Israéliens ayant servi ensemble dans l’unité 8200, une unité d’élite de l’armée israélienne, spécialisée dans le renseignement. Ensemble, ils avaient travaillé chez Microsoft Azure avant de quitter le géant américain pour créer une première société Adallom, vendue pour 320 millions de dollars en 2015 à leur ancien employeur. Wiz connaît une croissance exponentielle, dopé par le transfert de l’activité des entreprises dans le cloud. La start-up fournit aujourd’hui ses services à près de la moitié des 100 plus grosses entreprises américaines, parmi lesquelles les géants du cloud, Amazon et Microsoft, selon son site Internet. Après avoir réalisé l’an passé 500 millions de dollars de chiffre d’affaires, elle prévoit de doubler de taille cette année.
Cette opération est également un signe encourageant pour les marchés financiers, fébriles ces dernières semaines en raison des incertitudes liées à la politique commerciale de la nouvelle administration Trump. L’appétit des entreprises pour des fusions et acquisitions s’est également tari. Ce deal sera aussi un moyen de tester les autorités de régulation américaines. Peu d’entreprises s’y sont risquées depuis le début de l’année, en particulier dans la Tech, l’administration Trump n’ayant pas caché son intention de réduire la domination des géants du secteur. Menacé de démantèlement, Google est déjà sous le coup de plusieurs enquêtes.
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