
Résolu à assurer son maintien au pouvoir, le Premier ministre s’efforce désormais de limoger les responsables institutionnels qui le gênent. Dans la société israélienne, la contestation s’intensifie.
Fou de jalousie. Observant son copain d’avant, avec qui il faisait des virées mémorables dans les bars de New York dans les années 80, lui jeune ambassadeur, l’autre déjà promoteur immobilier prometteur, Benyamin Nétanyahou n’en revient pas. Pourquoi devrait-il accepter les limites que lui impose la démocratie alors que son pote Donald Trump est libre comme l’air, poussant le luxe jusqu’à poursuivre ses ennemis sans aucune contrainte judiciaire ? En annonçant dans la nuit de jeudi à vendredi le limogeage de Ronen Bar, le chef de la sécurité intérieure qui critiquait ouvertement la reprise des bombardements sur Gaza, le Premier ministre israélien a plongé son pays dans une crise institutionnelle.
Il n’en a cure, résolu à ne pas aller en prison alors que l’heure du verdict dans ses multiples procès pour corruption se rapproche inexorablement et que les critiques contre sa décision de reprendre les bombardements meurtriers sur Gaza se multiplient. Sa prochaine cible annoncée est donc la procureure générale israélienne, Gali Baharav-Miara, une femme que ses ministres appellent à «renvoyer à la maison où elle a sans doute des tâches à faire», terriblement seule autour de cette table mais incroyablement courageuse. Son rôle lui confère un statut protégé par la loi, et il est impossible de la limoger pour trois ans encore. Nétanyahou a déjà annoncé qu’il ne respecterait pas la loi. L’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak a averti que de telles mesures faisaient risquer au pays une «guerre civile», mais Nétanyahou est décidé à en prendre le risque, prêt à envoyer la police arrêter ces deux fonctionnaires même si la Cour suprême le lui interdit. Et ce n’est malheureusement pas tout : «La guerre est pour lui le moyen le plus évident, le plus sûr de rester à son poste», nous rappelle le diplomate et historien Elie Barnavi. Face à cette folie autocratique, c’est à la société israélienne d’éviter le pire, dans la rue.
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