Dix-sept ans après la découverte de l’escroquerie financière du siècle, les victimes de la pyramide de Ponzi qui ont opté pour la procédure collective du fonds des victimes de Madoff ont récupéré 94 % de leurs pertes, soit 119.000 dollars en moyenne par personne. Le dernier versement a été effectué fin 2024 à 41.000 victimes.
Dix-sept ans après la découverte de l’escroquerie financière du siècle, les victimes de la pyramide de Ponzi qui ont opté pour la procédure collective du fonds des victimes de Madoff ont récupéré 94 % de leurs pertes, soit 119.000 dollars en moyenne par personne. Le dernier versement a été effectué fin 2024 à 41.000 victimes.
C’est une des plus grosses arnaques financières qu’ont connue les États-Unis qui est sur le point de trouver son épilogue. Quatre ans après la disparition de Bernard Madoff, l’instigateur et le cerveau de cette arnaque XXL, 16 ans après la révélation de l’escroquerie, ses dizaines de milliers de victimes, parfois de petits investisseurs, ont récupéré les sommes perdues.
Automne 2008. Financier de Wall Street reconnu pour son fabuleux fonds de placement à 11 % d’intérêts annuels, Bernard Madoff se retrouve au pied du mur. En plein éclatement de « la crise des subprimes », touchant le secteur des prêts aux États-Unis, ses clients demandent à récupérer leur investissement et les bénéfices qui vont avec. Seulement, il ne dispose pas des liquidités nécessaires : son affaire était une arnaque depuis le début. La plus grande pyramide de Ponzi de l’histoire, un procédé consistant à financer les rendements avec les fonds apportés par les nouveaux entrants, vient de s’écrouler. Le préjudice est évalué à 65 milliards de dollars, dont une bonne part d’intérêts fictifs.
Seize ans plus tard, les 41 000 investisseurs éligibles au fonds de victimes de Madoff ont récupéré près de 4,3 milliards de dollars. Un dixième et dernier versement a achevé le travail de recouvrement opéré depuis une quinzaine d’années par le département de la justice américaine. Les remboursements ont été financés par la saisie des comptes et des biens de la famille Madoff, dont plusieurs yachts de luxe et un penthouse à New York. Ceux qui avaient pu obtenir des bénéfices en retirant leur argent suffisamment tôt ont aussi dû rendre les sommes gagnées. Au total, 94 % des pertes ont été couvertes. Un montant brut qui ne prend pas en compte une quinzaine d’années d’inflation et de frais juridiques.
« Après avoir publié notre plan de distribution, nous avons reçu une vague de plus de 65 000 demandes couvrant plus de 80 milliards de dollars de pertes », explique dans un communiqué l’administrateur du fonds des victimes, Richard Breeden. En soustrayant des demandes les intérêts fictifs promis abusivement par Bernard Madoff et les sommes déjà remboursées par d’autres canaux, il a été possible de réaliser un remboursement équitable. « La plupart des personnes aidées étaient de petits investisseurs, avec des pertes moyennes d’environ 250 000 dollars » précise un communiqué du fonds des victimes.
Kevin Bacon ou Steven Spielberg parmi ses victimes
Bernard Madoff aurait commencé à construire son escroquerie au début des années 1980. Il attirait les investisseurs avec un rendement record et une fiabilité légendaire. En réalité, dès lors qu’un client demandait à récupérer ses bénéfices, il piochait dans l’argent des autres, une pratique illégale. Un système qui l’obligeait à toujours chercher de nouvelles cibles, pour payer les intérêts des premiers avec les placements des nouveaux.
L’homme d’affaires recrutait notamment au sein de la communauté juive, dans laquelle il était reconnu pour ses activités philanthropiques. Il se laissait désirer, en refusant des clients de prime abord pour mieux accepter quand on lui proposait de lui confier toute son épargne. Parmi les victimes célèbres, l’acteur Kevin Bacon, le réalisateur Steven Spielberg ou encore la femme d’affaires française Liliane Bettencourt. Pour alimenter sa machine, le financier s’appuyait sur des fonds rabatteurs, qui lui confiaient l’argent de leurs clients. « Il s’est avéré que les investisseurs directs ne représentaient que 6 % des victimes connues de Madoff », relève Richard Breeden.
Le gendarme financier n’a jamais rien vu
Bernard Madoff faisait croire qu’il investissait judicieusement leur épargne en produisant de faux relevés trimestriels et en faisant transiter les sommes sur différents comptes pour donner une illusion de mouvement. La Security and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la finance aux États-Unis, n’a jamais découvert la fraude, malgré cinq enquêtes successives. Pourtant, l’opacité des opérations bancaires et la régularité exceptionnelle des résultats constituaient autant d’indices menant à l’escroquerie.
En décembre 2008, ne pouvant faire face aux soudaines demandes de retrait de ses clients, paniqués par la crise financière, Bernard Madoff avoue tout à sa femme et ses deux fils. Ces derniers, conscients des implications d’une telle arnaque, dénoncent leur mari et père au FBI dès le lendemain. L’escroc plaide coupable, ce qui permet de le condamner quelques mois plus tard à 150 ans de prison. Il meurt incarcéré en 2021, à l’âge de 82 ans.
Par Nessim Aït-Kacimi
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