Un vendredi soir par mois, la synagogue parisienne de Beaugrenelle propose un office en musique pour les enfants. Une entrée en shabbat originale qui permet de transmettre la pratique religieuse de manière ludique et pédagogique. Reportage.
Les enfants arrivent tout sourire dans la synagogue de Beaugrenelle (15e arrondissement de Paris) ce vendredi soir de septembre. «Shabbat Shalom!» leur souhaite un membre de l’équipe, en leur distribuant une sucette. Les voilà prêts pour aller s’installer dans la salle de prière – une pièce rectangulaire avec des sièges sur trois côtés tournés vers de la bimah, l’estrade où se lit la Torah. Le rabbin Delphine Horvilleur, grande figure du judaïsme libéral en France, les attend.
Une fois par mois, ce lieu de culte issu du courant libéral Judaïsme en mouvement propose aux jeunes croyants de 2 à 8 ans d’assister à un office sous forme d’un conte. Une entrée dans le sabbat – le dernier jour de la semaine dans le judaïsme, consacré à la prière – ludique, mais surtout pédagogique. «Judaïsme en Mouvement souhaite donner aux enfants les cartes pour bien grandir dans le monde, tout en étant en pleine harmonie avec leur judéité», indique l’association cultuelle, née en 2019 à la suite de la fusion des deux plus grandes communautés juives libérales françaises: le Mouvement juif libéral de France (MJLF) et l’Union libérale israélite de France (Ulif).
Au centre névralgique de la synagogue parisienne, dans un brouhaha étouffé, le rabbin Horvilleur, vêtue d’une chemise bleue et d’un pantalon blanc, entonne un chant, accompagnée d’un groupe de musiciens de jazz yiddish. Dans un contexte pesant depuis le 7 octobre 2023 et la résurgence du conflit entre Israël et le Hamas, cette pause de bonne humeur est la bienvenue. Connue pour ses interventions pertinentes et sensibles dans les médias, la femme rabbin dévoile cette fois-ci une voix pénétrante.
La salle est bien remplie. Puis, comme une maîtresse d’école qui retrouve ses élèves à la rentrée, Delphine Horvilleur entame un échange avec les enfants: «Comment se sont passées vos vacances? Qui vient de rentrer en CP? » Quelques doigts timides se lèvent. Les présentations faites, place à l’apprentissage de l’alphabet hébreu. Ce jour-là, les néophytes récitent les trois premières lettres – en chanson toujours! Avant de circuler en file indienne dans la pièce laiteuse sur des airs mélodieux… Les trente minutes s’écoulent toujours dans une ambiance chaleureuse. Il est l’heure pour les bambins de partir. Certains d’entre eux resteront entre les murs de l’édifice, gardés par des animateurs, pendant que leurs parents assisteront à leur tour, à l’office du vendredi soir.