Ils reproduisent des synagogues en Lego, pour promouvoir la culture juive

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Syna Lego, le premier concours de reproduction de synagogues en Lego vient de s’achever. Organisé par le Consistoire israélite du Bas-Rhin, ce concours vise à promouvoir la richesse du patrimoine juif alsacien, l’un des plus importants de France. Les enfants se sont surpassés et les résultats sont étonnants.

Avec plus de 1 200 ans de présence attestée, la communauté juive d’Alsace est l’une des plus anciennes d’Europe. La pierre votive de l’an 1000 retrouvée Rue des Juifs à Strasbourg, évoquant « un don à la synagogue » est la plus ancienne preuve de cette présence. Mais des historiens n’hésitent pas à dire que les juifs d’Alsace sont présents dans la région depuis l’Antiquité.

Malgré les différents massacres, pogroms, destructions, sans oublier la Shoah qui a traversé tragiquement l’histoire des juifs dans la région, le patrimoine israélite alsacien reste l’un des plus riches et des plus denses de France : cimetières, synagogues et objets liturgiques.


C’est pour faire prendre conscience de cette richesse patrimoniale aux jeunes juifs que le Consistoire israélite du Bas-Rhin avec son directeur chargé du patrimoine et de la culture Yoav Rossano a décidé d’organiser un concours insolite et drôle : un concours de synagogues en Lego.

Pari réussi pour cette première édition

Syna Lego propose de reproduire une synagogue du département en Lego. « Et il y a le choix ! », affirme Yoav Rossano. « En Alsace, il y a aujourd’hui 30 synagogues qui appartiennent au Consistoire du Bas-Rhin. Au XIXe siècle en France, il y avait 250 synagogues, en Alsace, 175 ! Les plus anciennes encore debout datent du XVIIIe siècle. »

Les jeunes participants n’ont pas été laissés au dépourvu. Chaque semaine avant le concours, des fiches patrimoine étaient distribuées. Elles racontaient de manière pédagogique et didactique l’histoire et le style des synagogues de la région. Une excellente source d’inspiration pour se motiver dans la création d’une synagogue en Lego. « Forcément avec ces fiches, nous avons suscité des vocations ».

Derrière les grandes armoires vitrées du Centre communautaire de la Paix où sont exposés les maquettes, les visiteurs se pressent et montrent du doigt les incroyables détails. Plus de 3 000 personnes sont venues les voir dont « des députés européens, des élus de la Communauté européenne d’Alsace, Fabienne Keller et Catherine Trautmann », s’enorgueillit Yoav.

Les résultats sont véritablement étonnants et surprenant. « C’est tellement beau et grand que l’on se doute bien que les parents ont dû aider les enfants et que dans les familles, on s’est bien amusé ces dernières semaines ».

Personne n’imaginait un tel succès. « Les enfants avaient deux mois pour construire leur maquette. Dès la première semaine, nous avions reçu une vingtaine de synagogues en Lego, et le flux des arrivages a été constant ».

Et elles sont presque toutes représentées les synagogues du Bas-Rhin : la grande synagogue de Strasbourg (l’une des grandes et des plus belles d’Europe) ; celle de Saverne, de l’Esplanade, de Benfeld, d’Erstein…

Un souci des détails

Parfois, on y découvre les offices à l’intérieur. Les rabbins font la prière. Ils ont un yad (doigt de lecture liturgique) pour lire la Torah. Souvent le drapeau bleu, blanc, rouge est représenté, rappelant que le judaïsme est « une religion concordataire » protégé par le droit des cultes d’Alsace-Moselle. « Cette alliance entre la religion juive et la France semble très importante pour les enfants puisqu’ils l’expriment », ajoute l’organisateur du concours.

Plus étonnant, « des enfants ont reproduit des synagogues abandonnées ou désacralisées. Elles doivent évoquer pour eux une histoire familiale importante. Yoav Rossano poursuit : « il ne faut pas oublier que, comme l’église catholique ou le temple protestant, la synagogue fait partie du paysage des villages alsaciens. Les petites communautés juives rurales se sont dotées de synagogue à la hauteur de leur moyen, petites et peu décorées. La synagogue de Diemeringen par exemple qui a été saccagée par les nazis. Certains participants au concours ont voulu reproduire ces petites synagogues de la campagne dans leur simplicité ».

C’est le grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, Harold Abraham Weill qui était chargé de présider le jury. Le grand prix a été décerné à la synagogue de Haguenau, le prix du public, à la synagogue de Bouxwiller.

Vu le succès et l’engouement pour le projet, le directeur patrimoine et culture du consistoire a annoncé « une deuxième édition Syna Lego l’année prochaine ». Notre seul regret, conclu Yoav Rossano « c’est que la montée de 1000 % des actes antisémites en France ne nous permet pas aujourd’hui, pour des raisons de sécurité, de montrer ces formidables maquettes au grand public. Car si ce patrimoine appartient aux juifs, il appartient aussi et surtout à tous les Alsaciens ».

Éric Vial

Source francetvinfo