À partir du 1ᵉʳ juin, rendez-vous au musée Chagall de Nice pour découvrir cette exposition itinérante qui présente l’œuvre de l’artiste, ponctuée par les grands faits historiques du XXᵉ siècle, entre guerres et exil.
Si l’exposition « Chagall politique, le cri de la liberté » a été un franc succès à Roubaix et à Madrid avec des taux de fréquentation qui n’ont jamais été aussi importants depuis 2010, c’est parce qu’elle dévoile une nouvelle facette de l’artiste. Elle nous permet de jeter un nouveau regard sur Marc Chagall et le présente d’une autre manière grâce à des documents inédits prêtés par de nombreuses structures internationales telles que le musée de Philadelphie, le Tel Aviv Museum of Art ou encore le Centre Pompidou.
Grâce à un parcours chronologique composé de 80 œuvres et 40 documents d’archives, on découvre une partie de la vie de Chagall et on replonge dans nos livres d’Histoire…
Une série d’autoportraits qui traverse les époques
C’est certainement ce qui est le plus stable dans son œuvre : ses autoportraits. Présent du début de son œuvre à la fin, ce style est pour lui une façon de poser ses ressentis et d’exprimer ses opinions. Toujours représenté jeune, il met un point d’honneur à évoquer ses racines, ses origines comme avec l’œuvre « Bouche maison ». Elle montre à la fois sa Russie natale et la communauté juive à laquelle il appartient et dont il ne peut pas parler.
Avec « L’artiste messager », Chagall se représente en ange peintre qui traduit sa propre capacité à délivrer des messages. Dans ces temps de guerre, crayon et pinceau deviennent pour Marc Chagall des armes de paix. Il montre à travers ses œuvres son engagement pour l’égalité et la tolérance des êtres humains entre eux.
La Première Guerre mondiale, une source d’inspiration
Alors qu’il était arrivé à Paris en 1910, Marc Chagall retourne en Russie en 1914. La guerre éclatant, l’artiste, désireux de retourner en France, est contraint de rester en terre russe pendant huit ans. Les soldats deviennent alors des modèles pour lui. Il les peindra partant en guerre et en noir et blanc. Ce qui dénote complètement de son œuvre très colorée, plus connue du grand public. On découvre un Chagall qui dessine à l’encre, de manière plus graphique et épurée.
Dans son œuvre très forte « Le Salut », on voit deux soldats qui partent à la guerre avec un cadrage très serré, voire cinématographique qui oblige le spectateur à se confronter à la réalité de la guerre.
« Le marchand de journaux » l’une des œuvres majeures de Chagall par sa taille, 1,20 m de haut sur 1m de large, est aussi assez significative de cette époque de guerre. C’est une sorte d’exposé de la Russie de 1914 avec beaucoup de tension, peu de personnes présentes et la délivrance de mauvaises nouvelles.
Son soutien à la communauté juive
À partir de 1917, les Juifs retrouvent un statut favorable. La période est marquée par le renouveau de la communauté yiddish qui va être exprimé notamment grâce aux poètes et différents artistes. On retrouvera alors dans l’œuvre de Marc Chagall, jeux de graphisme, contrastes en noir et blanc, calligraphies… Un style épuré, voir cubiste dans la manière de traiter les formes.
L’exposition mettra en lumière sa participation à ce renouveau en montrant des documents inédits, des archives personnelles, mais aussi des œuvres exceptionnellement prêtées par le Centre Pompidou à Paris. Ce sera par exemple le cas pour les esquisses et maquettes de son premier projet de décor de théâtre, celui du théâtre national juif de chambre en Russie.
Le pressentiment de la Seconde Guerre mondiale
Engagé pour l’homme et pour ses droits, Marc Chagall s’investira auprès de colonies juives d’orphelins de guerre dans les années 20. Son objectif est ici pédagogique, toujours avec la volonté de transmettre une idéologie de paix et de respect de l’humain.
C’est également à cette période que l’artiste traitera le quotidien de différentes manières, à travers des œuvres parfois très colorées et poétiques ou parfois au contraire assez tristes. À cette époque, autour de 1930, il voit la montée du fascisme en Europe qui le touche énormément. Il voit ce qui se passe contre le peuple juif avec une privation totale de liberté. Deux œuvres expriment parfaitement son état d’esprit à cette époque : « Le bœuf écorché » et « Le Saut de l’ange ». Elles seront d’ailleurs mises en perspective avec des correspondances de Chagall ou des unes de journaux afin de ressentir l’ambiance qui régnait.
Peindre pour se rappeler
En pleine Seconde Guerre mondiale, Chagall s’exile aux États-Unis pendant sept ans. Ce sera une période très créative pour le peintre, mais aussi très triste puisqu’il retranscrira la fuite des peuples, les violences de la guerre et sa solitude à la mort de sa femme et muse Bella Chagall.
Comme devoir de mémoire, l’artiste continuera d’évoquer cette période meurtrière même après la fin du conflit. On le voit avec le triptyque « Résistance, Résurrection, Libération ». L’œuvre est assez particulière, car elle a en fait été créée initialement en 1937 puis redécoupée par Chagall en 1943. Toujours avec la volonté de ne pas oublier, Marc Chagall a aussi illustré le Journal d’Anne Frank. En opposition à série sombre, Chagall proposera un peu plus tardivement des œuvres évoquant la paix et la communion des peuples et réalisera à cette occasion ses premiers vitraux dont celui pour l’ONU en 1963.
À noter : samedi 1ᵉʳ juin, journée spéciale à l’occasion de l’inauguration de l’exposition avec au programme : de 10h à 14h : entrée gratuite dans le cadre du vernissage, puis payante à partir de 14h (10€ / pers.), de 10h à 16h : vente de livres et catalogues dans le jardin, organisée par l’association des Amis du musée, à 15h et 15h30 : départs de visites guidées en présence des commissaires d’exposition (visites gratuites, dans la limite des places disponibles).
« Chagall politique, le cri de la liberté »
Du 1er juin au 16 septembre au Musée Chagall à Nice
Tarifs : Plein tarif : 10 € / Tarif réduit : 8 €
Exposition ouverte tous les jours, sauf les mardis, de 10h à 18h
Site internet