Comment les Franco Israéliens sont devenus d’extrême droite

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Arrivés récemment des banlieues où sévissait l’antisémitisme, ils ont opté pour l’État hébreu afin d’y vivre en « juifs forts ». Leur traumatisme français, couplé à leur méconnaissance de l’histoire d’Israël, aura ainsi contribué à l’accession au pouvoir d’un parti raciste.

À deux pas du musée de la Tolérance, rue Hillel, à Jérusalem, qui veut s’imposer à sa prochaine ouverture comme « le miroir du vivre-ensemble » de jeunes militants démontent le stand d’­Itamar Ben Gvir, leader musclé de l’alliance d’extrême droite (Force juive et Parti sioniste religieux) qui a raflé 14 sièges (sur 120 à la Knesset). Les jeux sont faits. Grâce à ce provocateur – condamné pour incitation au racisme en 2007 par la justice israélienne – et aux voix des ultraortho­doxes, Benyamin Netanyahou a remporté les législatives.

« Je suis si heureuse ! » confie Léa, en rajustant l’enchevêtrement de miniturbans chargés de cacher ses cheveux sous la tiare des « dati » (les « tradi ») branchées. Âgée de 20 ans, étudiante en psychologie, elle a voté Ben Gvir avec enthousiasme. « Tous les “olim hadachim” [les nouveaux immigrants] de France qui étaient dans mon “oulpan” [centre d’apprentissage accéléré de l’hébreu] sont avec Itamar ! » Léa a débarqué de Seine-Saint-Denis avec sa famille il y a trois ans : « En prenant l’avion à Roissy, j’ai mis l’étoile de David en saphir de mon anniversaire que je n’avais jamais pu porter. On n’a pas versé une larme en partant. Mes petits frères ne seraient plus jamais caillassés à la sortie de l’école. On laissait la France et les Arabes. On est venus ici pour être des juifs forts ! »

L’ennemi intérieur

Comme pour beaucoup de juifs de condition modeste qui ont dû quitter les écoles publiques, puis les quartiers de la périphérie, passer du statut de minoritaires menacés à celui de majoritaires absolus produit un effet foudroyant. Léa et l’héroïne de Michel Houellebecq dans Soumission Myriam, la bien-aimée qui a fui vers Israël devant la montée de l’islamisme, se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Elle est peut-être le chapitre non écrit. Celui qu’il serait si dérangeant de comprendre.

« Dans notre pays juif, les Arabes, eux, doivent rester à leur place ! » renchérit Michaël, le fiancé de Léa, en rangeant soigneusement dans la camionnette la figure en carton d’un Ben Gvir souriant, l’air protecteur en ­complet veston. « Bibi [Netanyahou] va en faire le ministre de la police [la Sécurité intérieure] et les émeutiers se calmeront ! ». Michaël, 23 ans, agent immobilier, est là depuis cinq ans. Dès la première année de son service militaire, il s’est porté volontaire pour une unité combattante. « L’entraînement était dur, mais il n’y avait rien de plus dur que d’être un faible en France. On m’a envoyé en Judée-Samarie [le terme biblique pour la Cisjordanie], et, là, on s’est pris les Palestiniens. Vous savez ce que c’est, faire du slalom dans les rues de Djenin avec des types qui veulent vous balancer des blocs de pierre du haut de leurs immeubles ? Un pote dans mon unité a eu le crâne explosé. »

Deux soldats sur dix ont voté pour l’extrême droite. Un score élevé alors que la Cisjordanie est à feu et à sang depuis plusieurs mois. Sans compter l’embrasement dans les villes mixtes au cœur d’Israël au printemps 2021, les ­attentats de Tel-Aviv, Elad, Jérusalem cet été, et le spectre de l’ennemi intérieur – les Arabes israéliens, pourtant intégrés et piliers du système de santé – agité par les alliés de Netanyahou. « Chaque nouvel immigrant apporte avec lui sa propre lecture et ses références «  explique la journaliste Pascale Zonszain, qui s’est installée en Israël il y a vingt ans. « Les jeunes arrivés de fraîche date, avec une expérience française douloureuse, voient en Ben Gvir un type qui dit que les juifs ont le droit d’aller sur le mont du Temple [l’esplanade des Mosquées] et qui y va ! Le passé qu’on lui reproche ne les intéresse pas. Du reste, ils connaissent très mal l’histoire politique d’Israël. Tout ce qu’ils entendent, c’est la parole d’un juif fier de l’être à ceux qui ont été confrontés à la violence de l’antisémitisme dans les quartiers populaires. »

Influence tragique

Les jeunes francophones, garçons et filles, qui flânent en groupes joyeux dans l’immense galerie marchande Mamilla, point de passage sur le chemin de la vieille-ville, font le signe de la victoire quand on prononce le nom de Ben Gvir. Pourtant, dans les boutiques de luxe et les enseignes internationales installées entre les vieilles maisons de pierre ocre rénovées, on parle presque autant arabe qu’hébreu. Les clientes en hidjab se mêlent aux juives en perruque rituelle ou en tiare à la mode. Israël se réorientalise à toute vitesse, et ses populations, qu’elles survivent ensemble ou se combattent, commencent à se ressembler étrangement. Pour le vieux credo européen, laïque et socialiste, sur lequel s’est construit le pays, il reste Tel-Aviv, qui a plébiscité le centriste Yaïr Lapid, l’éphémère Premier ministre qui a osé rappeler à la tribune de l’ONU la solution à deux États.

Mais, à Jérusalem, tous votent Dieu. Raphy, la cinquantaine, a pris en gérance une galerie d’art. Une colombe de marbre déploie ses ailes dans la vitrine. « L’artiste avait sculpté la même pour Bill Clinton » précise le galeriste. Il a quitté Paris en 2002, au plus fort de la seconde Intifada et de ses conséquences pour les juifs de France : un antisémitisme nié à l’époque par la plupart des médias. Très pratiquant, comme la majorité des Français de la capitale, Raphy a voté pour le parti ultraorthodoxe sépharade Shas : « Le Shas fait du social et le pays compte un quart de pauvres. Jérusalem est pauvre ! Dans les quartiers haredi [prati­quants], on a du mal à nourrir toute la famille. Moi-même, je n’ai jamais pu économiser assez pour acheter un appartement. Et je ne veux pas quitter Jérusalem pour les villes du Sud, avec les roquettes du Hamas au-dessus de ma tête. J’aime bien Ben Gvir, aussi. Il nous faut un cocktail et tant pis si c’est un cocktail Molotov : de la religion et de la force. Mes deux neveux arrivés en 2019 ont voté pour lui. »

Est-ce en ex-juifs français ou en nouveaux Israéliens que ces jeunes immigrants ont mis leur bulletin dans l’urne ? On répète comme un mantra que le conflit israélo-palestinien exporte sa violence en France. Mais le nouvel antisémitisme, lui, exporte ses traumatismes en Israël et influence tragiquement le destin de l’État hébreu et des Palestiniens.

Par Martine Gozlan 

Source marianne

6 Comments

  1. Vous aussi, vous devenez moutonnier.
    Comme la majorité des médias représentant la doxa, vous recourez au terme, plutôt au concept « d’extrême droite » à mauvais escient.
    Definissez-nous d’abord, en quelques mots, ce à quoi le concept d’extrême-droite signifie dans son contexte.
    Autrement, vous ne faites qu’exprimez de manière furtive votre désaveu du gouvernement nouvellement élu.

    • on imagine déjà l’hilarité de Louis de Funès devant tant de niaiserie : « Comment, Salomon, vous êtes juif ?! … »

  2. Extreme droite,Raciste..Parce que nous refusons de vivre en etrangers chez nous?
    D’ailleurs merci de nous apprendre ce que le terme raciste veut dire et en quoi nous le meritons?

  3. un article de Tartine Gozlan, que croyiez vous que vous alliez trouvé si ce n est la litanie d inepsies habituelles, détachées de la réalité et a la poursuite d un monde qui n existe qu a peine ds son imagination.
    Le seul intérêt de lire ce ‘truc’ est de savoir comment est articulée une pensée pervertie….et de savoir comment y répondre, et encore si cela en vaut la peine

  4. Je voudrais demander à Martine Gozlan si vouloir rester juif c est être d extrême droite . Elle sait très bien que ce n est pas exact mais elle utilise le biais de 90% des journalistes : s attaquer à la personne et non au fait
    Beaucoup de juifs qui se pensent intellectuels veulent à tout Prix abandonner leur judeite pour être comme tout le monde
    Je ne suis pas pratiquant ( je le regrette ) mais je tiens absolument à rester juif même si je suis rejeté par une partie de la population
    On a eu la chance , notre génération de voir ke retour d Israël sur ses terres de créer grâce au courage et à l abnégation de bcp de juif devenu Israéliens et d en faire un pays fort et qui compte pour ce qu il apporte au monde . Ce qui me plait c est que dans ce pays
    On peut tout entendre mais on n a pas peur d entendre «  sale juif «  on n a plus peur d entendre «  partez vous êtes un l’épile sans terre « 
    Mais tous ces beaux esprits comme Mne Gizlan préfère entendre des insultes plutôt que de froisser d autres intellos de leur genre .
    Est ce que l éducation nationale a faut qqchose pour empecher sa mort ? Non rien elle l a carrément laisser tomber et même lui a faut reproche de ne pas seplier aux injonctions des Islamistes .
    Alors Mne Gozlan , je ne vous empêche pas de vous convertir à l Islam . mais laisser nous vivre en juif , quitte à mourrir mais mourrir debout
    Ceux qui ne sont pas d accord peuvent encore aller vivre
    Dabs certains pays Pas tous . Je vous rappelle que bcp de pays sont pratiquement Judeiren . Les wookistes et autres gauchistes vous utilisent
    pour détruire Israël . Et oui, pas l extrême droite de papa , elle n existe pratiquement plus .

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