Accusé d’antisémitisme, l’événement culturel était déjà sous le feu des critiques avant cette nouvelle polémique : des « objets artistiques » bien antisémites sont exposés.
L’ambassade d’Israël et les représentants des juifs d’Allemagne ont sommé ce lundi les organisateurs de la foire d’art contemporain documenta, qui s’est ouverte récemment à Cassel, au centre de l’Allemagne, de retirer une œuvre qualifiée d’antisémite.
C’est une nouvelle claque pour ce rendez-vous incontournable de la création contemporaine, qui se déroule tous les cinq ans, et a fait face ces derniers mois à des accusations fondées d’antisémitisme.
Dt.Feuilleton so
« Antisemitisches konnte ich jetzt nicht entdecken », (Jo Schück, ZDF aspekte)
« Wir haben keine antisemitischen Positionen gesehen » (Sabine Schormann, Generaldir. Documenta in ttt ARD)
« Wo ist er denn nun, der Antisemitismus » (Elke Buhr Monopol-Mag.)#Documenta so pic.twitter.com/HO7nM5a5oX— Alexander Neubacher (@Alex_Neubacher) June 20, 2022
« feuilleton allemand so « Je n’ai rien pu découvrir d’antisémite maintenant », (Jo Schück, ZDF retenu) « Nous n’avons pas vu de positions antisémites » (Sabine Schormann, Directrice Générale Documenta in ttt ARD) « Où est-il maintenant, l’antisémitisme » (Elke Buhr Monopol-Mag.) »
Dans l’édition qui s’est ouverte ce samedi, une œuvre montre un soldat avec une tête de porc, une étoile de David et l’inscription « Mossad » sur son casque. On y voit aussi un homme aux longues dents, cheveux bouclés, un chapeau avec l’inscription des SS nazi et une cigare au coin de la bouche, rappelant les caricatures antisémites de juifs orthodoxes.
Des œuvres qui « rappellent la propagande de Goebbels »
L’œuvre « présente clairement des motifs antisémites », a jugé sur Twitter le directeur du Centre Anne Frank et professeur à l’université de Francfort, Meron Mendel.
Die #Documenta Leitung muss hier intervenieren und dieses „Kunstwerk“ sofort entfernen. Es enthält eindeutige antisemitische Motive. https://t.co/6l6pC5aIFw
— Dr. Meron Mendel (@MeronMendel) June 20, 2022
« Les éléments présents dans certaines œuvres rappellent la propagande de Goebbels » diffusée « au plus sombre moment de l’histoire allemande » et « doivent être immédiatement retirés de l’exposition », a demandé dans un communiqué l’ambassade d’Israël à Berlin, se disant « dégoutée ».
« La liberté d’art s’arrête là où la misanthropie commence », a de son côté dénoncé Josef Schuster, président du Conseil des juifs d’Allemagne. « Les responsables de la Documenta doivent en tirer les conséquences ». La ministre fédérale de la Culture, Claudia Roth, a également jugé que le combat de l’antisémitisme et du racisme « sont aussi les limites de la liberté artistique ».
Dr. Josef Schuster: „Kunstfreiheit endet dort, wo Menschenfeindlichkeit beginnt. Auf der #documenta15 wurde diese rote Linie überschritten.“https://t.co/1JDkLE6NAx
— Zentralrat der Juden in Deutschland (@ZentralratJuden) June 20, 2022
La foire d’art déjà sous le feu des critiques
Les demandes de retrait interviennent alors que la foire d’art s’est déjà ouverte dans la polémique: le collectif palestinien The Question of Funding, très critique envers l’occupation israélienne, a été accusé d’être liée au mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS). Celui-ci prône le boycott d’Israël en raison de son occupation des Territoires palestiniens. Le BDS a été étiqueté comme « antisémite » par le parlement allemand en 2019 et n’a pas le droit de toucher d’argent public. Or, environ la moitié du budget de la Documenta – 42 millions d’euros – provient de l’Etat fédéral.
Le mois dernier, des vandales se sont introduits dans l’espace où les œuvres des artistes palestiniens sont exposées, recouvrant les murs de graffitis menaçants. La Documenta est un rendez-vous majeur de l’art contemporain, avec la Biennale de Venise. Pendant cent jours, les œuvres de plus de 1500 artistes devraient attirer au moins un million de visiteurs.