Ce documentaire de François Chaumont reconstitue la psyché tourmentée de ce jeune homme fragile, phagocyté par des producteurs sans scrupule, hanté par le spectre de la Shoah.
Il s’est donné la mort à 28 ans, au terme d’une carrière fulgurante d’à peine cinq ans. Mike Brant, né Moshé Michael Brand à Chypre, enfant d’Israël, souffrait de paranoïa au point de ne plus monter sur scène qu’avec mille et une précautions sécuritaires. Les derniers temps, toute prophylaxie était insuffisante pour rassurer le chanteur qui renonçait à se produire en public. L’épuisement et la dépression n’y étaient sans doute pas pour rien. Ses parents étaient tous deux rescapés de la Shoah, et même si sa mère refusait d’en parler, les deux fils, Zvi et Moshé, le savaient, et ce drame les hantait.
Un chanteur à minettes, une machine à sous
L’interprète de « Qui saura » voulait être « chanteur ou clochard », sa manière à lui d’exprimer sa détermination à s’imposer musicalement sans envisager d’autres alternatives. Chanter se résumait à sa seule façon de s’exprimer, lui qui fut un enfant mutique jusqu’à l’âge de 4 ans, qui ne savait ni lire ni écrire et en souffrait. Alors, très tôt, il se met à chanter en Israël. Le destin le conduit à Téhéran, au moment où Sylvie Vartan et Carlos s’y trouvent aussi. Ils sont subjugués par sa beauté irréelle (le chanteur se fera même agresser physiquement par des admiratrices) et sa voix aux trois octaves. Mike Brant débarque à Paris, s’y plaît, rencontre Jean Renard qui lui écrit ses premiers tubes et le propulse sur la scène du Midem. Ce soir-là, il chante « Laisse-moi t’aimer » et tout s’enchaîne. Il rêvait d’une carrière à la Presley, il devient le concurrent de Claude François, de Joe Dassin, de C. Jérôme.
Documentaire de François Chaumont (2020). 2h10 – Disponible en replay sur france.tv jusqu’au 17/06