Récupéré en Allemagne au sortir de la guerre et entré dans les collections du Louvre, cette toile de l’Ecole hollandaise était accrochée depuis le milieu des années 80 au Château-Musée de Dieppe. Dans quelques jours, il va quitter la Normandie pour être restitué aux héritiers du couple spolié.
Il y a quelques semaines, les responsables du Château-Musée de Dieppe apprenaient que la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945, rattachée au ministère de la Culture, avait, au terme d’une très longue enquête, identifié les descendants des propriétaires d’un tableau prêté par le Louvre au musée dieppois depuis les années 80.
« Au début des années 2010, cette cellule spécialisée s’est mise à l’enquête pour ce tableau et a identifié les héritiers, mais pas tous les héritiers, c’est une famille dispersée sur différents continents, dans différents pays, et il a fallu trouver une disposition commune à tous« , explique Pierre Ickowicz, le conservateur du musée de Dieppe.
D’autres œuvres spoliées exposées
Le tableau, une huile sur toile de l’École hollandaise du 17e siècle, intitulé Tempête en mer, a été volé en juin 1944 à un couple de juifs vivant à Nice, Abraham et Minna Bargeboer. La toile sera retrouvée en Allemagne à la fin de la guerre et rapatriée comme des milliers d’autres à Paris. En 1951, la commission de récupération artistique l’attribue au Louvre, qui la prêtera au musée de Dieppe en 1983. Prêt renouvelé à plusieurs reprises.
Et ce sont les équipes du Louvre qui, dans quelques jours, viendront procéder au décrochage de l’œuvre et à son rapatriement à Paris, où il sera restitué à la famille courant mars par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.
Le Château-Musée de Dieppe abrite d’autres œuvres spoliées à des familles juives dont les enquêtes pour restitution se poursuivent. Neuf œuvres en tout dont trois sont exposées, un Renoir, un Sisley et un Pissarro, appelées elles-aussi à être restituées, si c’est possible. « C’est notre rôle au regard de l’histoire de les restituer aux ayants droit. Nous, on apporte notre pierre en exposant ces tableaux afin qu’ils soient vus. Et le jour où cela arrivera, nous pourrons pourquoi pas solliciter les services de l’État pour obtenir en prêt un Monet, ou d’autres peintres« , confie le conservateur.
Stéphane Hilarion