Par voie de communiqué à l’AFP, le Conseil supérieur de la magistrature s’est insurgé contre la « mise en cause » de la justice dans les affaires Sarah Halimi et Viry-Châtillon : « L’institution judiciaire doit pouvoir continuer de juger, à l’abri des pressions, en toute indépendance et en toute impartialité ».
La majorité des Français n’ont plus confiance en leur justice, pourtant rendue au nom du peuple français. Mais les magistrats n’y voient qu’une seule explication : le dénigrement de la justice par certains politiques et médias, en particulier l’accusation d’un laxisme supposé à l’égard des délinquants et islamistes. L’évocation qu’il puisse même exceptionnellement exister des influences islamogauchistes, indigénistes ou même des ressentiments racistes ou antisémites chez certains magistrats suscite immédiatement dans la magistrature un torrent d’indignations. Il y a hélas des racistes, des antisémites, des islamogauchistes, des fascistes, des pervers, des salopards dans toutes les strates de la société, dans toutes les professions… sauf chez les magistrats. Ils sont toujours parfaits, exemplaires, et n’ont jamais rien à se reprocher. Jamais !
Écoutons-les, après le surprenant acquittement de huit prévenus dans l’affaire des policiers brûlés dans leur voiture, à Viry-Châtillon, même si ce verdict repose pour l’essentiel sur la difficulté à rapporter la preuve en pareilles circonstances : « C’est pas nous, c’est un jury populaire » entonnent-ils en cœur, occultant totalement la considérable influence qu’exercent les trois magistrats professionnels de la Cour d’assisses sur les jurés.
Écoutons-les dans l’affaire Sarah Halimi, où la juge d’instruction et sa juridiction d’appel ont refusé de reconnaître ce que tant d’éléments du dossier révélaient avec éclat, suscitant une indignation bien au-delà de la communauté juive : Kobili Traoré a commis un meurtre avec préméditation, un assassinat, et non un « crime passionnel », sa passion étant une haine antisémite viscérale que l’usage de stupéfiants a pu contribuer à transformer en transe religieuse criminelle. Il en est ainsi de la plupart des actes de terrorisme islamique. Dans quel état est-on au moment d’égorger ou de décapiter une personne ?
Ecoutons Madame Evelyne Sire Marin, membre et ancienne présidente du syndicat de la magistrature, non seulement justifier les décisions prises dans l’affaire Sarah Halimi, mais expliquer l’inefficience d’une future loi empêchant l’exonération de responsabilité en cas d’usage de stupéfiants abolissant le discernement. Rappelons que cette magistrate soutint publiquement Jean-Luc Mélenchon et manifesta en 2019 contre l’islamophobie à l’appel des mouvements islamistes radicaux qui veulent, tout comme l’extrême gauche, assimiler à du racisme toute critique du fondamentalisme islamique. Rappelons aussi le fameux « mur des cons » de ce syndicat, sur lequel étaient épinglées les têtes de personnes que ces juges ultra politisés étaient en train de juger.
Comment peut-on avoir confiance en la justice lorsqu’elle donne une preuve si flagrante de son parti pris, source évidente de partialité ? Evidemment, la même interrogation vaut pour toute dérive politique de la justice, même si ce sont les accointances avec les partis ou les idées extrémistes qui inquiètent le plus.
Comment se comporterait la magistrature si l’extrême-droite arrivait au pouvoir en 2022 ou en 2027 ? Il faudrait mieux que l’Histoire ne bégaie pas !
Dans les colonnes d’Opinion Internationale, nous nous étions fait l’écho de « petites dérives au quotidien » des juges tout puissants qui n’ont de compte à rendre à personne : ceux qui admettent qu’on puisse traiter de « pédé » ses salariés dans un salon de coiffure, ceux qui confondent la robe du juge avec le gilet jaune du manifestant radical, ceux qui s’asseyent sur la loi et la jurisprudence de la Cour de cassation en matière de plafonnement des indemnités de licenciement, ceux qui abusent de l’excuse sociale voire ethnique, notamment en matière de délinquance des mineurs.
Dans ses excellents ouvrages « Le juge d’enfants » et « L’avocat » (édition Le Lys Bleu), Jean-Philippe de Garate, ancien avocat et ancien magistrat, nous fait partager son expérience des prétoires et de l’inhumanité de notre justice dont la recherche de la vérité n’est pas la priorité, tant s’en faut. Le monde qu’on y découvre est loin du bla-bla ampoulé que ses anciens collègues nous servent pour s’autocongratuler.
Le droit est par nature une matière interprétative, permettant au juge de motiver les décisions les plus extravagantes. Il ne risque jamais rien, et peut disposer de la vie du justiciable sans jamais avoir de comptes à rendre. Certains juges n’aiment pas les hommes, ou les femmes. D’autres n’aiment pas les riches ou les pauvres, les gros ou les maigres, les grands ou les petits… Tenons-nous-en là ! Les préjugés ne sont pas moins nombreux chez eux que chez ceux qu’ils jugent.
Le droit, c’est un outil précieux au service de la politique an sens le plus noble et le plus étymologique du terme : la gestion des affaires de la cité. Il ne peut devenir prétexte à décisions absurdes, quand bien même pourraient-elles être techniquement fondées. Le meurtrier de Sarah Halimi est bien un assassin. La Cour de cassation aurait pu faire jurisprudence sans violer la loi. Elle a refusé. La dérive « juridiste » du droit va jusqu’au Conseil constitutionnel qui a retoqué plusieurs lois pourtant indispensables pour nous défendre contre l’islam radical, alors que la Cour européenne des droits de l’Homme est bien plus souple face à ce péril. Nous l’avons déjà écrit et nous y reviendrons dans les jours qui viennent.
Comme toujours, ce sont les dérives d’une minorité qui ternissent l’image, non pas seulement d’une profession, mais d’un pilier de l’État de droit et de la démocratie. Mais le corporatisme exacerbé, l’irresponsabilité des juges et leur propension grandissante à interpréter les lois à l’aune de leurs convictions personnelles ou politiques ne sont pas seulement le fait d’une minorité.
On peut entendre, comprendre et admettre que l’inexécution des peines est plus due au manque de places en prison qu’au laxisme des juges. C’est l’institution judiciaire qui est défaillante, faute de moyens. C’est l’État dans son ensemble qui en assume la responsabilité, en particulier le pouvoir exécutif. La justice est si gravement malade qu’elle inspire la défiance au citoyen et justiciable. C’est extrêmement grave, dangereux et inacceptable. Mais comme toujours, le dénoncer est considéré par les juges comme participer au lynchage de l’institution.
Un cheminement intellectuel analogue conduit l’extrême gauche à condamner toute critique de l’islam radical, au motif que cela reviendrait à stigmatiser les musulmans. C’est tout le contraire : dénoncer les dérives de la justice doit conduire à l’assainir et à offrir au citoyen une justice équitable, impartiale et en phase avec la réalité. Dénoncer celles du fondamentalisme permet de protéger tous les Français, et tout spécialement les musulmans, qui ne seront pas ainsi condamnés à tomber dans le l’obscurantisme moyenâgeux.
Hélas, la magistrature se crispe sur son jusqu’au-boutisme : le communiqué publié hier par le Conseil supérieur de la magistrature montre son manque d’autocritique. Notre justice est décidément irréprochable, et que ceux qui affirment haut et fort le contraire ne se retrouvent jamais à avoir à faire à elle.
Nicolas Sarkozy en sait quelque chose ! Les juges ont « voulu se le faire », mettant en œuvre des moyens astronomiques dont même la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme ne bénéficient pas. Et que dire de l’extraordinaire célérité de la justice dans l’affaire Fillon ? Des juges ont fait l’élection présidentielle. Qui peut l’accepter ?
Espérons que les débats de la prochaine élection présidentielle porteront sur une réforme profonde des contre-pouvoirs internes à la justice et sur la responsabilité des magistrats comme toute fonction à haute responsabilité devrait y être soumise. Au nom du peuple français.
Michel Taube