L’entrepreneur bordelais Michel Ohayon s’engage à maintenir 358 emplois et à poursuivre l’exploitation de l’enseigne américaine en France.
C’est de nouveau pour 1 euro symbolique que l’entrepreneur bordelais Michel Ohayon rachète un réseau de magasins en France. D’après nos informations, celui qui a notamment repris Go Sport, en mars, et Camaïeu, à l’été 2020, par le biais de sa société Financière immobilière bordelaise (FIB), a signé une offre, le 9 avril, avec l’enseigne américaine Gap, pour reprendre ses 21 succursales françaises, les 350 salariés qu’elles emploient et huit des vingt employés relevant de son siège français situé à Paris. Pour 1 euro, donc.
L’information a été présentée, mardi 13 avril, au cours d’un message audio préenregistré par la direction de l’enseigne en France, que les salariés ont été invités à écouter. La plupart ont probablement appris seuls la nouvelle, loin de leur lieu de travail, car les magasins d’habillement sont actuellement tous fermés. Mais, « cette fois, le message était en français », ironise l’un d’entre eux, faisant allusion à la méthode peu commune dont, lors d’une conférence également préenregistrée, en octobre 2020, dans la langue de Shakespeare, deux dirigeants américains avaient annoncé envisager se retirer du marché français et basculer l’enseigne sous un mode d’exploitation en franchise.
Douche froide
Depuis, Gap avait ouvert des négociations avec les élus du personnel pour un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), qui devait être signé le 20 avril. Plusieurs salariés se félicitaient d’être indemnisés lors d’un licenciement abondé de conditions supra légales et de bénéficier d’une enveloppe propre à financer une formation en vue d’une reconversion professionnelle.
Dès lors, après six mois de négociations, l’annonce de l’offre de reprise a eu l’effet d’une douche froide. Alors que le marché de l’habillement traverse une crise sociale sans précédent, « plusieurs salariés sont dégoûtés d’être repris », rapporte l’un d’eux. Le comité social et économique, qui, jeudi 14 avril, devrait être officiellement informé des modalités de l’opération, espère que la FIB ouvre un plan de départs volontaires pour satisfaire les employés de magasins prêts à changer de vie professionnelle.
Etendre la diffusion sur Internet et partout dans l’Hexagone
La société bordelaise s’est engagée à exploiter Gap en France et à étendre sa diffusion sur Internet et partout dans l’Hexagone, en choisissant les meilleurs modèles des collections imaginées par ses stylistes installées à San Francisco. Ce sera un défi. Car la marque américaine, fondée en 1969 et introduite dans l’Hexagone en 1999, est très concurrencée et mal en point.
A en croire le projet de M. Ohayon, Gap rejoindrait sa branche d’activités commerciales dont relèvent déjà 22 magasins Galeries Lafayette exploités en province, les 511 boutiques Camaïeu, enseigne de prêt-à-porter féminin reprise à la barre du tribunal de commerce de Lille en août 2020, et La Grande Récré, chaîne d’une centaine de points de vente. Les jeans et sweat-shirts Gap pourraient être distribués en France depuis le centre logistique de Camaïeu, à Roubaix (Nord), et être vendus dans des corners au sein des Galeries Lafayette.
Le « génie » de celui qui se présente comme « un self-made-man » n’a pas échappé aux salariés de Gap, convient l’un d’entre eux. Toutefois, en interne, plusieurs s’inquiètent de la pérennité de son projet et de son financement. Sollicitée par Le Monde, la direction de la FIB n’a pas commenté.