Si son ambitieuse campagne de vaccination devrait rapidement porter ses fruits, le pays ploie sous les contaminations, en dépit du confinement en vigueur.
Principale voie d’entrée et de sortie du pays, l’aéroport international Ben-Gourion, à Tel-Aviv, est totalement fermé depuis le 26 janvier, même pour les citoyens israéliens bloqués à l’étranger. Le confinement national doit durer jusqu’au 31 janvier, mais des responsables de la santé exigent une prolongation supplémentaire d’au moins une semaine, c’est-à-dire jusqu’au 8 février. Il faut dire que, pour l’instant, rien ne marche comme prévu sur le front sanitaire.
Malgré la très importante campagne de vaccination – plus de 2,6 millions de personnes ont reçu la première dose et plus de 1,3 million la seconde –, les courbes de contamination par le Sars-CoV-2 ne baissent pas : près de 8 000 nouveaux cas par jour, alors que le nombre de personnes gravement malades reste élevé – 1 132 à ce jour – et que le nombre de morts du Covid ne cesse de grimper : 4 609 décédés depuis le début de la pandémie. 96 décès ont été enregistrés ces dernières 24 heures. Depuis le début du mois de janvier, plus de 1 300 personnes sont mortes du Covid 19.
Hôpitaux saturés
Face à ces très mauvais chiffres, contrairement à ce qui a pu être diffusé, il y a aussi la réalité, très dégradée, de certains services de santé. Un exemple : le Magen David Adom (l’équivalent israélien de la Croix-Rouge et du Samu), qui, faute d’ambulances et de personnels suffisants, n’arrive plus à amener les malades vers les hôpitaux, eux-mêmes surchargés. Les témoignages sont accablants. Des ambulanciers qui attendent pendant des heures que le malade qu’ils transportent soit pris en charge par le centre hospitalier devant lequel ils stationnent. Résultat : c’est l’ambulancier qui apporte à manger à son patient, qui va chercher le bassinet pour qu’il puisse se soulager. Parfois, au bout de quelques heures, l’ambulancier reçoit l’ordre de conduire le malade pas trop grièvement atteint vers un autre centre hospitalier dans le pays.
Du côté des hôpitaux, l’exemple de la Hadassah à Jérusalem est édifiant. Depuis plus de 24 heures, le plus grand hôpital de la ville n’accepte plus de nouveaux malades. Non seulement il n’y a plus aucun lit disponible dans les services Covid, où les soignants sont au bord de l’épuisement, s’ils ne sont pas contaminés eux-mêmes, mais, surtout, les équipes manquent de fournitures souvent essentielles. Dans un reportage diffusé par la Chaîne 12, les Israéliens ont découvert un directeur général, au téléphone, en train de négocier avec des fournisseurs pour qu’ils lui livrent de la nourriture destinée aux enfants hospitalisés et des produits indispensables aux soignants. Verbatim :
Zeev Rotsteïn : Si je trouve un don de 250 000 shekels, vous me livrez ?
Le fournisseur : Non ! Votre dette est trop importante. Nous ne vous livrerons que si vous la réglez.
Au journaliste qui lui pose la question : « C’est la réalité ou c’est pour la caméra ? » Zeev Rotsteïn lui montre la longue liste de ce dont l’hôpital a besoin d’urgence et qui n’arrive pas. « Je n’ai jamais vécu de toute ma vie une telle situation », conclut Rotsteïn, avant de retourner à sa mission quotidienne : trouver, en urgence, des réponses à des questions souvent insolubles. Quelques images plus tard, une infirmière en chef dans un service Covid qui compte une trentaine de lits, tous occupés, raconte cette troisième vague « beaucoup plus dure que les précédentes, avec des malades beaucoup plus complexes qui, du regard, les yeux brillants, nous demandent : “Est-ce que je vais m’en sortir” ? »
Retour dans le studio télé, où l’invité du jour, le professeur Gabi Barabash, épidémiologiste, ancien directeur du ministère de la Santé, commente : « Quelle insensibilité de la part de nos dirigeants à l’égard des équipes médicales qui, chaque jour, excusez-moi l’expression, mettent sous linceul 50 corps. Au lieu d’aller se faire filmer pour le millionième vacciné, j’attends du gouvernement qu’il soutienne les hôpitaux ! » Le visage grave, il n’en dira pas plus.
Un vaccin efficace
Comment en est-on arrivé là ? Au ministère de la Santé, on tente de comprendre pourquoi la campagne de vaccination et le confinement n’entraînent pas une baisse de la courbe de contaminations et du nombre de malades hospitalisés. Réduits aux hypothèses, certains responsables mettent en avant deux facteurs : la présence de nouveaux variants, surtout le britannique. Selon les experts de la santé, c’est ce variant qui a été détecté chez les personnes nouvellement infectées. Deuxième facteur : la grande lassitude du public à l’égard de la pandémie. D’où un moindre respect des mesures barrières et des règles de confinement.
Et la campagne massive de vaccination ? Visiblement, elle ne permet pas encore de réduire les cas graves et donc le nombre d’hospitalisations. En revanche, il y a des statistiques encourageantes. Selon un communiqué publié par le ministère de la Santé, sur 450 000 personnes ayant reçu les deux doses du vaccin Pfizer, seuls 63 cas positifs, dont 80 % ayant plus de soixante ans, ont été recensés ; tous des cas contacts qui n’ont présenté que des symptômes minimes, comme une petite toux ou une fièvre ne dépassant pas 38 degrés. Aucun d’entre eux n’a dû être hospitalisé. Et puis, ce mardi, la caisse de maladie Maccabi a publié une nouvelle étude : sur 128 000 Israéliens de 60 ans et plus ayant reçu les deux doses, seuls 20 ont eu le Covid. Et encore sous une forme bénigne.
Pour le professeur Hervé Bercovier, épidémiologiste, cela confirme l’efficacité du vaccin. « Mais, nous dit-il, il faut encore attendre. À mon avis, le 2 ou 3 février prochain, on devrait voir les effets de la vaccination sur la pandémie à l’échelle de la population, avec une baisse des différentes courbes. »
Reste que, dès ce jeudi 28 janvier les frontières terrestres avec l’Égypte et la Jordanie seront hermétiquement fermées. Il s’agit encore une fois d’empêcher l’arrivée en Israël de nouveaux variants. Quant au professeur Nachman Ash, le patron du projet national anti-Covid, il refuse, à ce stade, de dire s’il faut, d’ores et déjà, envisager, ou non, un quatrième confinement. En attendant, sous la pression, le gouvernement s’est engagé à transférer des fonds d’urgence aux hôpitaux en crise budgétaire, comme celui de la Hadassah.
Danièle Kriegel
C’est un souci le Covid, mais il faut comprendre qu’il y a des règles à avoir si on veut que ça s’arrête, si on ne les respectent pas le covid se répand . Vacciner le plus grand nombre et rapidement semble être la solution !