Laurent Lévy a créé cette enseigne spécialisée dans l’optique et l’audition en 1991. Trente ans plus tard, l’entrepreneur, parti vivre en Israël, est en train de devenir leader du secteur après avoir dépassé son concurrent Krys en décembre. Il est l’invité du Club entrepreneurs Challenges – Grant Thornton.
Challenges – Quel est le bilan de 2020 pour Optical Center?
Laurent Lévy – Magnifique! Nous sommes restés ouverts car nous étions considérés comme « essentiels ». Nous avons recruté 720 personnes, pour arriver à 4.270, et nous en recruterons 1.000 autres cette année. Notre chiffre d’affaires a augmenté de 3,5%, à 754 millions d’euros, quand le secteur a chuté de 12%.
En 2011, vous visiez la place de leader pour 2020. Pari gagné?
Nous sommes l’enseigne qui vend le plus de lunettes et qui a le plus de clients en France, avec 591 magasins. Nous allons en ouvrir 40 autres, notamment à Paris, où nous n’en avons que 20. Nous venons d’ailleurs d’en inaugurer un, avenue Raymond Poincaré, dans le XVIe arrondissement. Et nous avons exporté notre concept dans six pays. Cette année, nous voulons dépasser le milliard d’euros de chiffre d’affaires, ouvrir des boutiques en Angleterre, et creuser l’écart avec le deuxième acteur du marché, Krys.
Comment expliquer cette réussite?
Mon installation en Israël en 2005 m’a permis de prendre du recul sur l’activité, de profiter du dynamisme de ce pays et d’augmenter mon niveau de spiritualité. C’est ensuite que j’ai lancé l’audition, un logiciel intégré, nos camions mobiles qui apportent des lunettes dans les Ehpad, entreprises ou associations, notre clinique réfractive… Je n’aurais pas pris toutes ces décisions en France, le nez dans le guidon.
Où en est votre clinique réfractive?
Pour bien voir, il y a trois options: les lunettes, les lentilles ou l’opération. Nous sommes la seule enseigne à faire les trois. Nous avons appris un métier et opérons une cinquantaine de patients par mois. Mais je me donne encore un an pour savoir si nous conservons une seule clinique, si nous en développons d’autres ou si nous arrêtons.
D’autres projets?
Le ROF, le syndicat des enseignes d’opticiens, essaie d’obtenir l’autorisation de l’Etat pour pratiquer des examens de la vue. Les opticiens sont formés deux ans sur ce sujet, contre six mois pour les ophtalmologues. Et on manque d’ophtalmos… Nous travaillons sur un logiciel qui pré-validerait l’examen de la vue par l’intelligence artificielle. Celui-ci serait ensuite transmis à l’ophtalmo qui n’aurait qu’à valider et à envoyer l’ordonnance au client.
Vous avez d’autres activités…
J’ai créé la place de la musique à Jérusalem avec des restaurants et un musée. Je consacre 80% de mon temps à Optical Center et 20% à l’immobilier, l’hôtellerie, la culture, le sport. J’ai aussi créé une fondation car, à Jérusalem, de nombreux enfants sont en échec scolaire faute de lunettes. Nous avons notamment organisé des visites d’optométristes en écoles et construit le temple de la vision et de l’audition, où nous donnons chaque mois 2.000 paires de lunettes et une centaine d’appareils auditifs.
Combien de temps resterez-vous à la tête de votre groupe?
Dans les Maximes de Nos Pères, il est écrit que 70 ans est l’âge de la transmission. J’ai encore une vingtaine d’années à développer l’entreprise et ensuite je la transmettrai à l’un de mes sept enfants.
Votre rêve de croissance?
Avoir une croissance à deux chiffres chaque année.