La militante libanaise Kinda el-Khatib a été condamnée lundi par le tribunal militaire à trois ans de travaux forcés pour collaboration avec Israël.
En détention depuis juin 2020, Mme Khatib était poursuivie par l’armée libanaise pour « collaboration avec Israël et intrusion en territoire ennemi ». Mme el-Khatib a également été privée de ses droits civils, selon le jugement publié par le général de brigade Mounir Chehadé. Jugé dans la même affaire, le dénommé Charbel Hajj a été condamné par contumace à dix ans de travaux forcés et à une privation de ses droits civils.
Inculpée début septembre, la militante a comparu devant le tribunal militaire permanent, pour avoir « collaboré avec des espions et des agents d’Israël, être entrée en territoire ennemi, via la Jordanie et avoir communiqué des informations sécuritaires concernant le Liban ».
Selon l’accusée, un journaliste travaillant pour la chaîne israélienne 11, Roy Qaysi, l’avait contactée via Twitter. La militante affirme qu’elle ignorait son identité et qu’elle en avait informé les forces de sécurité lorsqu’elle a appris qu’il était israélien. Mme el-Khatib a également démenti être entrée en Israël, avoir rencontré des Israéliens ou avoir fourni des informations sécuritaires à ces derniers. À l’issue de l’interrogatoire, le commissaire adjoint du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Claude Ghanem, a demandé que Kinda el-Khatib soit reconnue coupable. L’accusée a toutefois plaidé non coupable.
Connue pour ses positions hostiles au Hezbollah, ennemi juré d’Israël, et au chef de l’État Michel Aoun, Kinda el-Khatib était notamment active sur les réseaux sociaux depuis le déclenchement du mouvement de contestation antipouvoir en octobre 2019, multipliant ses critiques enflammées à l’encontre du puissant mouvement chiite et d’une classe politique libanaise, conspuée par la rue. Elle avait été arrêtée en juin à son domicile à Halba (Akkar) par la Sûreté générale. Sa famille rejette ces accusations et estime que leur motif est politique. A plusieurs reprises, des manifestants anti-pouvoir ont protesté devant le tribunal militaire de Beyrouth pour réclamer la libération de la jeune femme. L’ONG Amnesty International avait pour sa part demandé que les autorités judiciaires libanaises « défèrent immédiatement » cette affaire devant la justice civile.
Il est évident que Mme el-Khatib emmerde le Hezbollah : il suffit de voir le tweet épinglé sur son compte Twitter. Elle fait la comparaison entre Israël qui ramène ses morts au pays, et les prisonniers libanais qui croupissent dans les prisons à l’étranger sans aucune aide du gouvernement. Cette femme courageuse condamnée pour sa détestation du pouvoir en place et de ceux qui gouvernent vraiment le Liban à travers le Hezbollah, devrait inspirer nos féministes en carton dont on attend les réactions, sans y croire. Pour les motiver, informons les que son frère arrêté en même temps qu’elle a été libéré le lendemain……
Avec lorientlejour