En quatre mois, le conseiller et gendre de Donald Trump a obtenu que quatre pays arabes acceptent de normaliser leurs relations avec Israël. En échange, les États-Unis ont fait des gestes politiques forts en direction de ces pays.
Le président américain, qui doit quitter la Maison-Blanche le 20 janvier, a signé jeudi 10 décembre une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Il a annoncé simultanément que Rabat s’était engagé à normaliser ses relations avec Israël.
Depuis le mois d’août, le Maroc est le quatrième pays arabe (après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan) à promettre une normalisation des relations avec l’État hébreu.
Un gendre sans expérience internationale
Au centre de cette reconnaissance historique de l’État hébreu, on retrouve Jared Kushner, le conseiller pour le Moyen-Orient de Donald Trump. Le jeune époux d’Ivanka Trump, fille du président américain, est un entrepreneur dans l’immobilier new-yorkais, sans expérience internationale. Il a su, cependant, nouer des liens avec les responsables arabes, maniant l’art de la transaction. Le jeune conseiller n’est pas parvenu toutefois à l’objectif que lui avait fixé le président américain, « l’accord ultime » entre Israël et les Palestiniens.
Jared Kushner, nommé à l’âge de 36 ans, s’est entouré d’une toute petite équipe, avec Jason Greenblatt, l’ancien juriste de la Trump Organization, et David Friedman, avocat spécialiste des faillites nommé ambassadeur américain en Israël. « Ce dont a besoin un médiateur au Moyen-Orient, c’est d’une autorité indubitable », souligne Dennis Ross, qui a joué ce rôle auprès de Bill Clinton : « Vous devez avoir clairement le soutien absolu du président. »
Jared Kushner a eu carte blanche et il a agi dans la discrétion. Il est devenu l’homme des missions impossibles, avec son ton posé et son impeccable raie sur le côté.
Un contournement des Palestiniens
Au début, les Palestiniens ont joué le jeu, enchaînant les rencontres avec l’équipe Kushner. Puis, Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, première d’une série de décisions unilatérales favorables à l’État hébreu. Les Palestiniens ont, alors, coupé les ponts.
Jared Kushner les a contournés. Il a rompu le jeûne du Ramadan avec le roi au Maroc et multiplié les messages WhatsApp avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Lorsque au début de l’année 2020, Donald Trump a dévoilé sa « vision » pour la paix, son gendre a utilisé le spectre d’une annexion israélienne des colonies en Cisjordanie pour convaincre les Palestiniens d’accepter un État réduit.
Ces derniers n’ont pas été convaincus par ce marché. Mais, durant l’été, le prince héritier d’Abou Dhabi cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane y a souscrit, proposant d’établir des relations diplomatiques avec Israël. En échange, il a réclamé qu’Israël renonce à l’annexion et que les États-Unis vendent aux Émirats des chasseurs F-35.
Prochaine étape : la reconnaissance d’Israël par l’Arabie saoudite ?
D’autres pays arabes ont entrevu la possibilité d’arracher des gestes aux Américains tout en formant un front uni contre l’Iran. En échange d’une reconnaissance d’Israël, le Soudan a obtenu son retrait de la liste noire sur le terrorisme, Bahreïn un renforcement des relations avec les États-Unis, et le Maroc la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur le Sahara occidental. Ces « accords d’Abraham » contribuent à redessiner le paysage moyen-oriental.
Restait un rapprochement d’Israël avec l’Arabie saoudite. Le 23 novembre, des sources concordantes rapportaient que Benyamin Netanyahou s’était rendu la veille en secret dans le Royaume pour s’y entretenir notamment avec le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). Une reconnaissance d’Israël par l’Arabie saoudite est désormais « inéluctable », a jugé jeudi 10 décembre le conseiller et gendre de Donald Trump Jared Kushner. Cependant, admet-il, « le calendrier doit encore être défini ».