Ce militant anti-vaccin, qui accuse l’institut Pasteur d’avoir fabriqué le coronavirus, était recherché pour exercice illégal de la profession de médecin.
Un proche d’Henri Joyeux
Comme le résume Conspiracy Watch, l’Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot, Jean-Bernard Fourtillan, 77 ans, est pharmacien de formation et professeur agrégé de chimie thérapeutique. A la retraite depuis 2008, il n’est plus inscrit sur la liste des professionnels de l’Ordre des pharmaciens. Ce militant anti-vaccins est proche du professeur Henri Joyeux, avec lequel il a fondé une structure baptisée « Fonds Josefa », à l’origine de tests cliniques clandestins menés près de Poitiers (Vienne) sur au moins 350 malades de Parkinson, d’Alzheimer ou des personnes souffrant de troubles du sommeil. Depuis, ils font tous deux l’objet de poursuites de l’Ordre des médecins pour charlatanisme.
Interpellé dans le cadre de l’enquête sur des essais cliniques clandestins
C’est dans le cadre de l’affaire du Fonds Josefa que Jean-Bernard Fourtillan a été interpellé. Comme l’explique France 3 Occitanie, le septuagénaire faisait l’objet d’un mandat d’amener, délivré par un juge d’instruction du pôle Santé publique, qui enquête sur ces essais cliniques illégaux après avoir été alerté en septembre 2019 par l’Agence nationale du médicament (ANSM).
Jean-Bernard Fourtillan a ainsi été arrêté lundi 7 décembre et placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Nîmes. Lors de son séjour en prison, il a été soumis à un examen médical, qui a conclu à la nécessité d’une prise en charge psychiatrique. Le préfet du Gard, Didier Lauga, a approuvé cette décision et demandé par arrêté préfectoral le placement du professeur. Ce dernier n’est donc « plus incarcéré et relève uniquement d’une prise en charge médicale », explique Eric Maurel, procureur de la République de Nîmes.
Ses partisans le croient « interné » en raison de ses positions anti-vaccins
Depuis son hospitalisation, de nombreux soutiens ont posté sur les réseaux sociaux des messages appelant à secourir le professeur, qu’ils croient injustement enfermé pour avoir « osé déposer plainte contre l’Institut Pasteur ». Après les accusations portées dans le documentaire Hold-up, l’institut a porté plainte contre X pour « diffamation ». En retour, Jean-Bernard Fourtillan a déclaré dans une vidéo postée le 4 décembre sur AgoraTVNews avoir porté plainte contre l’Institut Pasteur pour « mensonges et crime organisé contre l’humanité en bande organisée ».
Dans une vidéo postée sur YouTube le 10 décembre et vue plus de 240 000 fois, et relayée par des figures des « gilets jaunes » comme Eric Drouet, un internaute qui prétend être en contact avec la famille assure que le professeur a été « interné contre son gré ». Il invite à « signifier au personnel et à la direction de l’hôpital que nous sommes parfaitement au courant de la présence du professeur au sein des murs de l’hôpital, et qu’il est bien évidemment hors de question qu’il y demeure plus longtemps et qu’il reçoive des traitements médicaux sans son consentement ».
L’hôpital psychiatrique harcelé
Contacté par France 3 Occitanie, le centre hospitalier Le Mas Careiron à Uzès assure qu’il croule sous les appels. Les standardistes expliquent que les lignes sont saturées et qu’ils reçoivent régulièrement des insultes. Un homme aurait même menacé de poser une bombe devant l’hôpital, selon ces témoignages.
Dans une nouvelle vidéo publiée vendredi, l’auteur de la première vidéo demande aux internautes de ne plus appeler le numéro de l’hôpital pour, selon lui, éviter de desservir les intérêts du professeur. « Cela pourrait être un prétexte utilisé par les gens qui ont initié son internement pour le passer dans des conditions de détention encore plus strictes », suppose-t-il.
Le lendemain, une soixantaine de personnes se sont rassemblées devant les grilles de l’établissement. Selon Midi-Libre, les manifestants, dont Jean-Philippe Labrèze, naturopathe proche de Jean-Bernard Fourtillan, ont dénoncé « cet internement abusif » de « quelqu’un est tout à fait sain d’esprit, mais qui dérange par ses paroles et son travail qui ne reflètent pas la ligne officielle en termes médicaux et de méthodes de lutte contre le Covid-19 ».
Jean-Bernard Fourtillan n’a pas contesté son hospitalisation
Dans un communiqué, la préfecture du Gard précise que l’hospitalisation de Jean-Bernard Fourtillan « relève d’une prescription médicale, qui est donc couverte par les règles habituelles de confidentialité des informations médicales personnelles ».
De son côté, le procureur de la République de Nîmes assure auprès de France 3 Occitanie que Jean-Bernard Fourtillan est « informé de ses droits » et « peut exercer un recours contre la décision administrative devant le juge des libertés et de la détention », une possibilité qu’il n’avait pas saisie vendredi, selon le quotidien Midi-Libre.
Sauf levée de la mesure d’hospitalisation pour raison médicale ou administrative d’ici la semaine prochaine, « il sera reçu en audience par un juge avec obligatoirement l’assistance d’un avocat », ajoute le magistrat.