L’accord de normalisation Maroc-Israël n’a pas une semaine et le vent de folie souffle déjà sur les les relations entre les deux pays. En voici deux exemples.
Les compagnies israéliennes prêtes pour établir des liaisons aériennes
Dans la foulée de l’annonce d’un “accord” entre le Maroc et Israël visant à “normaliser complètement” leurs relations, les compagnies aériennes de l’État hébreu ont fait part de leurs velléités d’ouvrir des lignes commerciales entre les deux pays.
Ainsi, Israir et El Al ont immédiatement évoqué, aux médias, être “prêtes” à établir des liaisons aériennes directes entre le Maroc et Israël. Dans un communiqué, la compagnie El Al Israel Airlines a annoncé “qu’elle examinait la possibilité d’établir des vols directs”. Une liaison qui serait, poursuit le transporteur cité par l’agence de presse Reuters, “très populaire parmi la clientèle israélienne”.
Jusqu’à présent, les Israéliens étaient autorisés à entrer au Maroc avec un visa spécial. Les touristes israéliens ou membres de la communauté juive marocaine pouvaient ainsi gagner le Royaume, depuis Tel-Aviv ou Jérusalem en empruntant des vols indirects et une escale dans d’autres destinations. Avec l’annonce d’un rapprochement entre les deux pays, les prochains vols pourraient être directs, avoisinant les quatre ou cinq heures de vols. “El Al entamera les préparatifs opérationnels pour l’exploitation de vols directs vers Casablanca”, a annoncé la compagnie. Sous condition toutefois “d’obtenir toutes les approbations nécessaires des différentes autorités”.
D’après le journal financier israélien Globes, El Al prévoirait “au moins un vol quotidien”. Des démarches entamées “il y a d’un an” et les dirigeants de la compagnie avaient alors effectué un déplacement dans le Royaume afin de “tenter de lancer des vols quotidiens Tel-Aviv-Casablanca”. Gonen Usishkin, alors PDG d’El Al, s’était rendu au Maroc pour y rencontrer “des cadres de la compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc (RAM) afin de promouvoir les liaisons aériennes directes qui n’ont finalement pas abouti”. Pour le PDG d’Israir Airlines, d’ici 2021, il pourrait y avoir “potentiellement 150 000 touristes israéliens visitant le Maroc”. Des vols qui pourraient être commercialisés, selon la même source, entre 400 et 500 dollars pour un aller-retour ou un forfait compris entre 1200 et 1800 dollars pour des formules hébergement et incursions.
La pâtisserie kasher de Casablanca en effervescence
C’est l’effervescence dans la boulangerie « Madame Fhal », célèbre à Casablanca pour ses pâtisseries kasher, et la récente annonce de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël anime les discussions.
« Tout le monde en parle, que ce soit nos clients juifs, qui représentent la moitié de notre clientèle, ou musulmans », affirme Kevin Fhal, 36 ans, petit-fils de la fondatrice de cette institution, en plein rush du vendredi.
« Depuis la normalisation (avec Israël) annoncée par les Emirats arabes unis et le Bahreïn, c’était obligé qu’on soit sur la liste. Et finalement, c’est venu plus tôt que prévu », constate le commerçant qui attend avec impatience l’ouverture des liaisons aériennes directes vers Israël prévues par l’accord officialisé jeudi.
Après l’annonce, « toute la communauté juive du Maroc était en joie. C’est un geste très fort et très courageux de la part du roi Mohammed VI », lance une cliente quadragénaire venue chercher quelques Hallot. Cette Casablancaise qui préfère ne pas donner son nom estime que la décision « aura un impact positif sur les Marocains en général, pas que sur les juifs ». Mais elle s’inquiète depuis qu’elle a « fait un tour sur les réseaux sociaux » où les commentaires de certains, « probablement musulmans », l’ont « refroidie ». « J’ai peur que des manifestations éclatent, qu’un clivage se crée entre les communautés, que les malentendus prennent le pas », confie-t-elle.
« Nous avons des relations très cordiales depuis fort longtemps. On n’a jamais eu de problèmes. On travaille ensemble dans le plus grand respect », tempère une des employées de la boulangerie, âgée d’une soixantaine d’années.
À la charcuterie « Amsellem », une autre institution culinaire du centre de Casablanca, dans le quartier qui abrite les derniers commerces juifs, le patron se dit lui aussi « très heureux » de l’évolution des relations entre son pays et Israël. Jacques Bitton « n’arrête pas de recevoir des appels de Marocains, juifs et musulmans, tous satisfaits de cette décision ». « J’ai de la famille en Israël, un cousin germain est dans le gouvernement. J’ai parlé avec lui, il était fou de joie », dit ce sexagénaire.
En Israël, les quelques 700.000 juifs d’origine marocaine, ont souvent gardé des liens très forts avec le royaume, son dialecte darija, ses traditions culinaires et musicales. La plupart sont partis en famille au début des années 50, après la création de l’Etat hébreu. A l’époque, le Maroc accueillait la plus importante communauté juive d’Afrique du Nord, de 250.000 à 300.000 âmes, selon les estimations. Il en resterait moins de 3.000 aujourd’hui.
« Qu’on nous permette à nous, juifs qui somme nés là-bas ou à nos enfants et nos petits-enfants de retourner sur cette terre où nos ancêtres ont vécu plus de 2.000 ans, c’est immense, c’est un grand jour », commente Avraham Avizemer, joint par téléphone à Cesarée, une petite ville de la côte israélienne.
Originaire de Casablanca, ce septuagénaire entreprenant importe des produits marocains, propose des voyages organisés, écrit des livres sur les juifs marocains et a déjà visité « 401 fois » son pays natal que sa famille a quitté quand il avait trois ans.
Sources telquel et courrier-picard
C’est une bonne chose pour tout le monde, la terre des ancêtres colle à nos chaussures, qu’on le veille ou non, c’est valable pour tous !