Après une tasse de café, les individus obsédés à l’idée d’être contaminés par un microbe parviendraient à mieux contrôler leurs comportements compulsifs de désinfection.
Se laver régulièrement les mains est essentiel pour limiter la propagation du Covid-19. Mais certaines personnes sont à ce point terrorisées par l’idée d’être contaminées par des microbes variés qu’elles passent des heures à tout laver et désinfecter chaque jour. On parle alors de trouble obsessionnel compulsif (TOC), une pathologie très handicapante au quotidien, et dont la fréquence risque de bondir avec la pandémie selon certains psychiatres. Une expérience menée par Hadar Naftalovich et ses collègues de l’université hébraïque de Jérusalem indique qu’une substance inattendue pourrait aider les patients à contrôler leur angoisse et leurs comportements compulsifs : le café.
Les chercheurs ont recruté une cinquantaine de participants victimes de TOC de décontamination, qu’ils ont répartis en deux groupes. Les membres du premier devaient boire une tasse de café standard, tandis que les autres absorbaient un « déca ». Ils devaient ensuite toucher un objet potentiellement « contaminant » – en l’occurrence une couche de bébé encore humide –, avant que leur réaction ne soit passée au peigne fin. Résultat : ceux qui avaient bu un café se sont sentis moins angoissés et ont tenu presque deux fois plus de temps que les autres avant de se laver les mains.
En augmentant le niveau d’éveil (en anglais arousal), la caféine renforcerait la capacité du cerveau à inhiber les pensées, les émotions et les comportements indésirables, comme la crainte irraisonnée d’être infecté ou contaminé. Des mesures complémentaires ont d’ailleurs révélé que les facultés d’inhibition des participants qui en avaient absorbé s’étaient accrues. Des tests à plus grande échelle seront nécessaires pour confirmer ces résultats et pour préciser le protocole de soin, notamment car la caféine administrée à trop haute dose risquerait au contraire d’augmenter l’anxiété. Mais cette expérience montre qu’accroître temporairement l’éveil – que ce soit via cette substance ou par l’intermédiaire de médicaments – pourrait améliorer les symptômes dans les diverses pathologies où l’inhibition cérébrale est prise à défaut : les TOC, donc, mais aussi le stress post-traumatique, où des pensées intrusives liées à l’événement traumatisant s’imposent sans cesse au patient.