Israël : la colère gronde face à la gestion du coronavirus

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CORONAVIRUS
Le chômage à plus de 20 %, des promesses d’aide économique qui ne sont versées que dans la moitié des cas et l’épidémie de Covid qui reprend de plus belle génèrent critiques et colère à l’encontre du Premier ministre Benyamin Netanyahu.

Il y a bien longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de monde sur la Place Rabin de Tel Aviv, lieu emblématique des manifestations israéliennes. Samedi soir, ils étaient au moins 10.000 à contester la gestion de la crise économique par Benyamin Netanyahu. « Rendez-nous notre argent »« Sans argent, sans pain, sans espoir »« Bibi rentre chez toi »« Sauvons l’Etat, combattons la corruption », pouvait-on lire sur les banderoles.

L’affluence n’a guère permis de respecter la distance de 1 à 2 mètres entre les participants, mais la majorité d’entre eux portait un masque. Quelque 150 manifestations ont eu lieu dans tout le pays. Et Benny Gantz, Premier ministre bis , en lutte permanente avec Benyamin Netanyahu , a soutenu ces « citoyens descendus dans la rue [qui] expriment une détresse réelle et justifiée. »

La veille, Benyamin Netanyahu avait présenté son nouveau plan de soutien de 80 milliards de shekels (20 milliards d’euros) à une délégation de contestataires – indépendants, artistes, petites entreprises… Il espérait ainsi que ces derniers annulent la manifestation. Il n’en a rien été. « C’était une jolie présentation. Mais nous voulons voir l’argent à la banque. La période de naïveté est terminée », a déclaré Ronen Maili, chef de l’Association des bars et clubs d’Israël.

Car depuis le début de la crise, beaucoup de gens n’ont pas reçu les aides promises. Le ministère des Finances a reconnu lui-même que seule la moitié des 30 milliards de shekels promis d’ici à la fin juin avait été effectivement versée.

Les prochains mois « difficiles et même tragiques »

Le taux de chômage en Israël qui a bondi de 3,4 % en février à 27 % en avril, est aujourd’hui à 21 %. La nouvelle fermeture de plusieurs secteurs due à la deuxième vague de Covid19 ne va pas arranger les choses. Après avoir plutôt bien géré l’urgence de la première vague, le gouvernement israélien s’est embourbé dans la planification du déconfinement.

Résultat, le pays est en train de battre de tristes records sanitaires : les cas de coronavirus actifs ont augmenté de 500 % en un mois, l’augmentation actuelle des infections hebdomadaires en Israël est l’une des plus élevées au monde, le taux de personnes testées positives est de 6 %… Cette situation a conduit la chef des services de santé publique au ministère de la Santé, Sigal Sadetsky, à donner sa démission, considérant que le gouvernement prenait « des décisions frivoles et sans fondement » et que les prochains mois seraient « difficiles et même tragiques. »

Enfin, le président de l’Etat, Reuven Rivlin, qui en principe n’intervient pas dans la vie politique, a souligné une gestion désordonnée. « Nous devons donner les rênes à l’organe qui peut apporter les meilleurs résultats, avec tous les autres ministères qui lui sont subordonnés et qui l’assistent ». Quant au verdict des sondages, il est sans appel : le tiers seulement des Israéliens sont satisfaits de la gestion de la crise économico-sanitaire par Benyamin Netanyahu.

Catherine Dupeyron (Correspondante à Jérusalem)

Source lesechos