Un vent mauvais souffle sur la République, apportant le clivage là où régnait l’unité par-delà les courants politiques et même la lutte des classes. On n’a plus à faire aux divisions classiques mais à l’ostracisation, à la mise au ban voire à la déshumanisation pure et simple des uns par les autres.
Ce que Jérôme Fourquet a prudemment nommé « archipélisation », je le caractérise pour ma part de tentative de dévoration d’un camp par l’autre. Ce qui fait apparaître le manque cruel du Tiers séparateur dans les rapports sociaux et l’involution de ceux-ci vers le tribalisme pur et dur. Le symbolique garant des échanges humains, s’efface au profit des imaginaires de toute-puissance inverses mais identiques dans leur vaine quête d’hégémonie. Minorité islamiste cannibale de la majorité et ne visant qu’à se substituer à elle selon une rivalité mimétique primaire :
- à gauche – c’est l’impasse de la collusion avec l’islamisme ;
- à droite c’est l’impasse de la collusion avec le néo-petainisme.
Les deux ont en commun l’antisémitisme – divine surprise qui tôt ou tard finira par rapprocher les deux frères ennemis, cimentés par une haine commune des Juifs et de la démocratie.
La démocratie c’est en effet, l’art du compromis sans compromission : opération fragile car impliquant de ne pas inviter la haine et la mauvaise foi – du moins de les tenir par la bride – dans le débat. La démocratie c’est la maîtrise de soi sans cesse à réinventer face à l’autre pour lui permettre à son tour d’exister et d’avoir voix au chapitre.
Dans la société du tout tout de suite si bien nommée par Morgan Sportes dans son livre sur la rencontre meurtrière d’Ilan Halimi avec le gang des barbares – l’autre n’existe qu’à la hauteur et suivant le bon vouloir des égos surdimensionnés en guerre les uns contre les autres.
Que l’on soit de gauche ou de droite, retenons bien ceci : ce n’est pas en se calquant de manière inversée sur ses adversaires politiques de sorte à en faire des ennemis essentialisés qu’on remettra la démocratie au centre. Il faudra, oui, résister de toutes ses forces à la barbarie qui monte, mais la réussite viendra non de la déshumanisation des barbares mais de leur mise hors d’état de nuire.
En Israël on sait parce qu’on n’a pas le choix, et le pays a accepté ce défi. En France, on en est encore, majoritairement à confondre antiracisme et démagogie islamistophile. Ce qui mène à traiter de fascistes tous ceux qui entendent dénoncer les versets de conquête et de sang de Médine. Tandis que, de manière symétrique et inverse, la droite, une part des Juifs inclus, est en train de virer RN. Enfants que nous sommes !
Nous nous divisons au moment où nous aurions besoin d’un front anti islamiste et républicain uni. Et cela nous coûte déjà le déshonneur et la guerre. NL♦