En cette période de commémoration de la libération d’Auschwitz, les tentatives de récupération politique abondent. Il faut donc aller voir « Fleurs de Soleil », texte de Simon Wiesenthal interprété par Thierry Lermitte.
Simon Wiesenthal a cherché toute sa vie à comprendre ce qui lui est arrivé, en ce matin ensoleillé, au cours de l’été 1942. Seul, dans la pénombre d’une chambre, il entend ce jour-là la dernière confession de Karl. Pendant la guerre, celui-ci a assassiné des innocents et il lui demande grâce. Peut-on pardonner l’impardonnable ? Peut-on accorder soi-même une rédemption au nom d’autres victimes ? Seul en scène, Thierry Lhermitte donne vie à tous les personnages de cette incroyable histoire, ayant rencontré un succès mondial depuis sa parution en 1969.
Simon Wiesenthal
Simon Wiesenthal est né dans une famille de commerçants juifs en Galicie, une province de l’ancien empire austrohongrois, qu’il devra quitter à sept ans suite à l’arrivée des cosaques. Il étudie l’architecture à Lemberg, puis à Prague. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il parvient de justesse à éviter une déportation en Sibérie avec sa mère et son épouse.
Mais il est arrêté en juin 1941, lors de l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie. Simon Wiesenthal sera successivement interné dans cinq camps, dont il sort le 5 mai 1945. Au cours de ces années noires, il aura perdu 89 membres de sa famille.
Contrairement à beaucoup d’autres, il n’a pas repris la profession qu’il exerçait avant-guerre, mais s’est consacré à la recherche des criminels nazis, devenant la conscience et la voix, non seulement des six millions de victimes juives de la Shoah, mais aussi des millions d’autres victimes assassinées également par le régime nazi.
Fondé en 1977 à Los Angeles, le Centre Simon Wiesenthal a œuvré à l’abrogation de la prescription des crimes et dans la recherche d’anciens criminels nazis. Aujourd’hui, avec le musée de la tolérance de renommée mondiale, c’est un centre international, fort de 400 000 membres, dédié au souvenir de la Shoah, à la défense des droits de l’homme et du peuple juif.
Avec ses représentations réparties dans le monde entier, le Centre Simon Wiesenthal poursuit une lutte permanente contre le fanatisme, l’antisémitisme, le racisme et l’intolérance.
Thierry Lhermitte
L’aventure théâtrale de Thierry Lhermitte commence en 1974 avec la création de la troupe du Splendid, regroupant un collectif d’acteurs / auteurs autour de Josiane Balasko, Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Gérard Jugnot et Michel Blanc.
Révélé au cinéma dans de grandes comédies populaires, Thierry Lhermitte a joué dans près de 130 films. Parallèlement il s’est illustré au théâtre dans des rôles très divers : Biographie sans Antoinette, de Max Frisch et Grand écart, de Stephen Belber, au théâtre de la Madeleine, Le syndrome de l’Ecossais, d’Isabelle Le Nouvel, au théâtre des Nouveautés…
Depuis quelques temps, il s’est tourné vers des textes plus engagés, notamment au théâtre, avec Inconnu à cette adresse, de Kathrine Kressmann Taylor, au Théâtre Antoine. Cette pièce emblématique, Thierry Lhermitte l’a jouée en avant-première en Israël, le 27 octobre au théâtre Smolarz de Tel Aviv, puis le lendemain au Teatron Yerushalayim à Jérusalem.
Fleurs de soleil
Fleurs de soleil est avant tout une œuvre qui traite du pardon. C’est-à-dire, au bout du compte, de ce qui fait de nous des êtres humains.
Dans une langue universelle, Simon Wiesenthal évoque un double enfermement. Celui d’un homme dans un camp de travail forcé, dans les pires heures du totalitarisme. Et, bien au-delà du récit des faits, l’enfermement d’un homme confronté à la question obsédante du pardon.
Interprété par un seul comédien, ce spectacle n’est pourtant pas un monologue. C’est le dialogue de Simon Wiesenthal avec sa conscience, nourri par une galerie de personnages qui ont marqué sa vie.
Seule une question demeure, en forme de bouteille à la mer : qu’aurions-nous fait à la place de Simon ? Fleurs de soleil, c’est l’histoire d’un homme qui explore les limites de son humanité. En cela, cette œuvre nous réunit tous.
C’est un spectacle qui vous étreint et ne vous permet pas de vous laisser aller à des jugements péremptoires : noir/blanc, bon/mauvais. Vous ne verrez pas le temps passer, et en ressortirez comme assommé, étourdi par la profondeur d’un texte qui, du début à la fin, vous aura pris aux tripes!