Les Jeux de Pourim sont l’origine du théâtre yiddish. Parmi les jeux de Pourim, le Pourim Shpil. Pièce burlesque en langue Yiddish. Mélange de chant, de mime, de pantomime et de danse.
Les fêtes de Pourim à l’origine du théâtre Juif
Nous sommes en juillet 1917, lorsque l’écrivain tchèque Franz Kafka demande à son ami polonais Jizchak Löwy d’écrire un texte autobiographique pour la revue pragoise Der Jude, Le Juif. Löwy dirige alors une troupe de théâtre Yiddish et Kafka assiste à de nombreuses représentations de leurs pièces lors de leur séjour à Prague. « C’est un personnage marginal, plein de dons, pauvre. Que je voudrais admirer à genoux dans la poussière » confie Kafka. Dans ses quelques lignes de souvenirs d’enfance, Löwy évoque la fête carnavalesque de Pourim dans la tradition juive. Observée chaque année au mois de février-mars, cette réjouissance célèbre la reine Esther et son oncle Mardoché qui parviennent à déjouer le complot du méchant Aman. Alors ministre du roi perse Assuérus, qui veut anéantir le peuple juif. La Meguila / Rouleau d’Esther raconte ce diabolique complot et son heureux dénouement. Pourim est alors un jour de liesse et de joie. On rit, on chante. On danse. On échange des cadeaux, on offre des gâteaux. Comme c’est le seul jour du calendrier hébraïque durant lequel il est autorisé de changer de sexe, les hommes empruntent les vêtements de leurs mères, sœurs et épouses. Parmi ces rituels transgressifs figure le Pourim Shpil.
Né en 1840 en Russie, il aurait dû être rabbin. Mais il préfère se lancer dans l’écriture et devient ainsi le premier auteur dramatique en langue Yiddish. En 1865, il publie son premier recueil de poésie, en hébreux, puis un second en Yiddish. En 1868, il gagne Odessa en Ukraine où un cousin, bon pianiste, l’aide à mettre en musique certains de ses poèmes et où il écrit ses deux premières pièces : Die Tzwei Sheines / Les deux voisisns et Die Murneh Sosfeh / Tante Susie. Puis Abraham Goldfaden créée à Bucarest, la première troupe de théâtre professionnelle de langue Yiddish avec laquelle il interprète des pièces traduites du français et du roumain mais aussi ses propres pièces. Avec sa troupe, il visite les principales capitales d’Europe et se produit également aux Etats –Unis lors de tournées triomphales. Mais en 1883, suite à l’assassinat d’Alexandre III, les autorités tsaristes interdisent le théâtre Yiddish. Et les pogroms, ou violences perpétuées contre la communauté juive, ne cessent d’augmenter. La politique répressive d’Alexandre III entraîne alors une grande vague d’immigration vers les Etats Unis, terre de liberté.
1917 le renouveau du théâtre yiddish
Ce n’est qu’à partir de la Révolution de 1917 et l’abolition de « la zone de résidence », que les communautés juives d’intellectuels et d’artistes peuvent s’installer à Petrograd et à Moscou. Après 1917, Petrograd offre aux Juifs un milieu culturel particulier. Suite à la Révolution, Le Commissariat des Affaires juives de Petrograd s’efforce d’obtenir la collaboration d’artistes juifs pour la création d’un théâtre yiddish. A la fin de l’année 1918, il obtient le concours d’Alexandre Granovski, un metteur en scène professionnel qui étudie à Munich et à Berlin. Pendant plusieurs années, Granovski anime la scène yiddish à Petrograd, puis à Moscou. Ainsi dès septembre 1918, il participe à la mise en scène d’Œdipe-Roi et de Macbeth au Cirque Chinizelli de Petrograd. Ces premières mises en scène préludent pour le théâtre soviétique, aux grands spectacles de masse et de leur impact sur le peuple. La tentative d’assassinat de Lénine en 1918 met fin aux spectacles du théâtre de la Tragédie alors spécialisé dans la mise en scène des auteurs romantiques et classiques. Mais Granovski est maintenant reconnu dans le milieu théâtral de Petrograd. Il décide de monter au Grand Théâtre d’Opéra, Faust avec Chaliapine puis prend enfin la direction du Studio juif en 1919. C’est la première école de théâtre. Une étape majeure dans l’histoire du théâtre juif : « Je rencontrai un ami qui m’apprit que s’ouvrait une école théâtrale juive. Jamais il n’y avait eu d’école théâtrale dans l’histoire du théâtre juif ». Confie Salomon Mikhoels.
Salomon Mikhoëls est l’un des plus grands acteurs du théâtre Yiddish. Un de ses plus grands succès théâtraux, Tévié le Laitié franchira d’ailleurs l’Atlantique pour devenir la comédie musicale, Le violon sur le toit. Ce grand acteur Yiddish joue les classiques du théâtre Yiddish, les auteurs juifs soviétiques mais aussi quelques pièces du répertoire universel dont le « Roi Lear », en Yiddish. En 1929, il est nommé Directeur du GOSSET, Le Théâtre Juif d’Etat de Moscou.
Le Théâtre juif d’Etat voit le jour en 1919 lorsque Granovski décide de quitter Petrograd pour s’installer à Moscou. Il souhaite en effet s’affranchir des écrivains qui se pensent seuls détenteurs du monopole culturel juif. L’arrivée à Moscou le met en contact avec d’autres artistes et c’est à Marc Chagall qu’il s’adresse en 1920 pour concevoir le décor de son théâtre. Le Théâtre d’art juif, voit le jour. En 1948, à l’aube de la guerre froide, Solomon Mikhoels, directeur artistique du théâtre juif d’Etat de Moscou et Chef du Comité juif antifasciste, est assassiné. Staline débute sa campagne contre ceux qu’il appelle les « cosmopolites ». En 1949, le théâtre est fermé.
Le rideau s’est baissé.
Programmation musicale
Bela Kovacs – Sholem-alekem Rov Feldman – pour clarinette et piano – André Moisan (clarinette) – Jean Saulnier (piano) – Atma Classique ACD22738
Anonyme – Question – Sonia Wieder-Atherton (violoncelle) – Daria Hovora (piano) – Adda 581117
Anonyme – Danse – Sonia Wieder-Atherton (violoncelle) – Daria Hovora (piano) – Adda 581117
Anonyme – Chansons yiddish : Dona dona – Moshe Leiser (guitare) – Ami Flammer (violon) – Gérard Barreaux (accordéon) – Naïve Records V 4955
Ben Zimet – Frounze verde – Deese DDLX 185
Sergueï Prokofiev – Ouverture sur des thèmes juifs op.34 – Quatuor Molinari – André Moisan (clarinette) – Jean Saulnier (piano) – Pierre-Alain Bouvrette (violoncelle) – Frédéric Lambert (alto) – Olga Ranzenhofer (violon) -Atma Classique ACD22738
Dmitri Chostakovitch – Symphonie n°12 en ré min op 112 : 1. Le Pétrograd révolutionnaire. Moderato – Allegro – Philharmonie de Dresde – Michael Sanderling (direction) – Sony Classical 190758724626
Tikhon Khrennikov – Concerto n°2 op .23 – Orchestre symphonique Tchaïkovski de la Radio de Moscou – Maxime Venguerov (violon) – Vladimir Fedosseïev (direction) – Brilliant Classics 9448
Sheldon Harnick – Excerpts from Fiddler on the Roof – Broadway Records
Alexandre Veprik – Pastotale – Orchestre National de la BBC du Pays de Galles – Christoph-Mathias Mueller (direction) – MDG MDG90121336
Anonyme – Kaddish – Sonia Wieder-Atherton (violoncelle) – Daria Hovora (piano) – Adda 581117