A part le Parti socialiste qui a su honorer la vraie laïcité en se tenant loin de la manifestation du 10 novembre, tous les partis de gauches étaient présents et s’y sont déshonorés.
Le parti socialiste a sauvé l’honneur de la gauche dimanche 10 novembre 2019. Son refus ferme et sans atermoiement de participer à la manifestation « contre l’islamophobie » à l’appel d’islamistes notoires prouve qu’à défaut d’électeurs, le parti socialiste a encore des valeurs. Les héritiers de Blum et de Jaurès n’auront pas à rougir devant l’histoire d’une capitulation en rase campagne devant les bigots de l’Islam politique. Ceux qui veulent faire passer la France pour un État « raciste » et les Français pour des intolérants xénophobes haineux. Et qui osent, toute honte bue, comparer la situation des musulmans à celle des juifs dans les années 1930, en se collant sur la poitrine une étoile jaune et un croissant islamique.
Les musulmans persécutés comme les juifs ? Listés ? Contraints de se signaler ? Interdits de fonction publique ? Déportés, parqués ? Leurs magasins pillés ? Leurs mosquées brûlées ? À l’ère des fake news, tout le monde se moque de savoir si les comparaisons sont valables ou indignes. À force d’être martelée, la vérité alternative devient une opinion comme une autre…
Tous ceux qui ont transformé la religion opium du peuple en religion droit supérieur du peuple étaient là
Le parti socialiste a sauvé l’honneur de la gauche, d’autres ont évité de justesse le déshonneur, à l’issue d’une piteuse séquence de cafouillage et de rétropédalage. Mais mieux vaut être un pied nickelé de la gauche moule à gaufres (François Ruffin de la France insoumise n’avait pas bien lu l’appel car il mangeait des gaufres…) plutôt qu’un capitulard islamo-gauchiste tradition munichoise. L’eurodéputé Yannick Jadot d’Europe Écologie les Verts (EELV) s’était retiré des signataires de l’appel initié par le Collectif islamophobie en France (CCIF), laissant la place aux fossoyeurs de la gauche laïque et républicaine.
Tous ceux qui ont transformé la religion opium du peuple en religion droit supérieur du peuple étaient là : la sénatrice EELV Esther Benbassa, le communiste Ian Brossat, Philippe Martinez de la CGT, Maryam Pougetoux, la dirigeante voilée de l’Unef, Olivier Besancenot du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), la trotskyste Nathalie Artaud, Generation.s le parti de Benoît Hamon, et tous les leaders de la France insoumise (Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, Danièle Obono, Éric Coquerel) à l’exception notable d’Adrien Quatennens.
La manifestation a été un succès. 13 500 participants. Des musulmans venus de tous horizons s’y sont pressés. Des non-musulmans également. Tous inquiets, à juste titre, des tensions que subit notre société. Des citoyens français qui appellent au « vivre ensemble », dénoncent les « stigmatisations » et demandent à la laïcité de les « protéger ».
Le CCIF, officine officieuse des Frères musulmans
On aurait aimé défiler avec eux, à l’appel d’un vaste mouvement républicain antiraciste et laïc. Pour réaffirmer que la République doit protéger tous ses enfants, quelles que soient leur religion et leur opinion, lorsqu’ils sont agressés ; pour dénoncer la haine identitaire, les actes anti-musulmans (une centaine en 2018 sans parler de l’attaque de la mosquée de Bayonne), les actes anti-chrétiens (1063 en 2018) et les actes antisémites (541 cette année, en nette hausse). On aurait aimé rendre hommage, ensemble, aux victimes juives de l’antisémitisme (11 morts depuis 2012, tués par des islamistes). Et refuser la logique séparatiste et communautariste qui veut essentialiser chaque communauté et nous dresser les uns contre les autres.
Mais comment défiler à l’appel du CCIF, officine officieuse des Frères musulmans, qui tente d’interdire toute critique de l’islam en France, qui l’amalgame systématiquement à un crime raciste et a, hélas, réussi à faire admettre l’islamophobie comme équivalent du racisme anti-arabes et/ou anti-musulmans ? Le délit de blasphème est de retour.
Tous les Français musulmans récemment assassinés l’ont été au nom de l’islamisme
Comment défiler sous la bannière de Madjid Messaoudene, élu de Seine-Saint-Denis qui, au lendemain de la tuerie de Toulouse, tweetait des jeux de mots sur Mohamed Merah (« Qu’est-ce que tu merah-contes… ») et écrivait : « Le père de Mohamed a perdu un enfant, il a le droit lui aussi de pleurer son fils, n’en déplaise au président fasciste… ». Comment défiler aux côtés de Nader Abou Anas, le prêcheur salafiste qui justifie le viol conjugal et explique aux femmes qu’elles doivent soumission et obéissance absolue à leur époux ? (Tellement infréquentable qu’on lui a demandé de retirer son nom de l’appel). Et Ismahane Chouder, militante islamiste marocaine anti-avortement et opposée au mariage homosexuel, constitue-t-elle vraiment un bon compagnonnage pour la gauche ?
Comment avancer bras dessus bras dessous avec des militants islamistes qui font huer les musulmans laïcs (Zineb El Rhazoui entre autres), les seuls véritablement menacés physiquement aujourd’hui ? Si les organisateurs prétendent défendre la liberté de tous les musulmans, qu’attendent-ils pour défendre les apostats qui risquent leur peau ? Sur une banderole, on lit L’islamophobie tue. Mais ce n’est pas « l’islamophobie » imaginaire des Français qui tue en France. Tous les Français musulmans récemment assassinés l’ont été au nom de l’islamisme.
Debout sur un camion, Marwan Muhammad, ancien directeur du CCIF, a fait scander Allahu Akbar aux manifestants. « Allahu Akbar, car on en a marre que des médias fassent passer cette expression religieuse pour une expression de guerre. » Pauvre sot, c’est l’État islamique, Al-Qaïda et tous leurs djihadistes qui ont bel et bien fait de cette expression un cri de guerre et d’horreur. Pas l’État « raciste », ni les médias, ni les horribles Français xénophobes. Mais comme il ne faut surtout pas faire d’amalgame, le site CheckNews de Libération nous a immédiatement rassuré avec un article qui affirme sans rire qu’Allahu Akbar est une expression populaire pour exprimer sa joie ou se donner de la force. Ok, tout va bien alors. Ce qu’on est bêtes…
La gauche soumise marche au pas derrière des bigots, des Frères musulmans, des salafistes et des femmes voilées
Comment Jean-Luc Mélenchon, tout sourire dans le cortège de la manifestation, a-t-il réagi lorsqu’il a entendu des manifestants scander Allahu Akbar ? A-t-il pensé à son ami Charb, assassiné par les frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo il y a cinq ans au cri d’Allahu Akbar, les dernières paroles qu’il entendit avant d’expirer ? Le cri de son bourreau pour « se donner de la force » ?
À cette époque, en 2015, Jean-Luc Mélenchon parlait clair. Même si on n’adhérait pas à son programme politique, difficile de ne pas respecter l’orateur, le républicain, le laïc, l’homme d’histoire. Une semaine après les attentats du 13 novembre, il avait déclaré : « Je conteste le terme d’islamophobie, quoique je le comprenne. Ce sont les musulmans qui pensent qu’on leur en veut parce qu’ils sont musulmans. Moi, je défends l’idée qu’on a le droit de ne pas aimer l’islam, on a le droit de ne pas aimer la religion catholique et que cela fait partie de nos libertés… »
En ce temps-là, il pensait qu’on ne pouvait pas être féministe en affichant un signe de soumission patriarcale, tel que le foulard. À l’enterrement de son ami Charb, il avait dit : « Tu as été assassiné comme tu le pressentais par nos plus anciens, nos plus cruels, nos plus constants, nos plus bornés ennemis : les fanatiques religieux, crétins sanglants qui vocifèrent de tous temps. Charb, ils n’auront jamais le dernier mot tant qu’il s’en trouvera pour continuer notre inépuisable rébellion. »
La rébellion s’est épuisée un dimanche 10 novembre sur les pavés de Paris entre République et Nation. La gauche soumise marchait au pas derrière des bigots, des Frères musulmans, des salafistes et des femmes voilées.