Le pays s’est positionné en leader de la recherche et des usages en matière de cannabis médical depuis les deux dernières décennies.
Quand il sent qu’il va avoir une migraine, Nicolas, 33 ans, s’allume un joint. Depuis cinq ans, il se soigne grâce à ces trois petites pochettes de cannabis médical, autorisé depuis 2006 en Israël, qui s’est positionné en leader de la recherche et des usages en la matière depuis les deux dernières décennies. Depuis fin avril, le gouvernement a d’ailleurs donné le feu vert à l’export. En France, les députés ont donné leur accord le 25 octobre à une expérimentation du cannabis thérapeutique pour deux ans.
Une licence délivrée après une série d’examens
Nicolas a dû voir un neurologue, un neurochirurgien et faire une série d’examens pour obtenir, deux ans après, une licence du ministère de la Santé, indispensable pour se procurer du cannabis thérapeutique. « Je reçois 30 grammes par mois directement à la maison. C’est vraiment magique, je n’ai plus mal à la tête! », témoigne-t-il.
Comme lui, environ 45 000 patients israéliens sont autorisés à acheter du cannabis thérapeutique, prescrit à des doses précises par une quarantaine de médecins habilités. Parmi eux, des retraités et même des enfants. Prescrits sous forme d’huile, en feuille ou en gélule, le cannabis thérapeutique permet de lutter contre la maladie de Crohn, Parkinson, l’endométriose, les crises d’épilepsie ou encore les douleurs chroniques liées aux chimiothérapies.
Une avancée médicale nécessaire, selon Nicolas. « Je me sens privilégié de vivre dans un pays où il y a un programme de cannabis médical, où il y a eu une prise de conscience par le gouvernement et les médecins que les gens en ont besoin et que cela aide. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux, je suis heureux et je peux aller au travail tous les jours, grâce au cannabis. »
Même si Israël fait figure de pionnier dans ce domaine, de nombreux progrès restent à réaliser, estime Ma’ayan Weisberg, qui a travaillé pour Tikkun Olam, l’une des premières cliniques de cannabis médical du pays, créée en 2007. « Le traitement au cannabis thérapeutique est quelque chose de très individuel. Chaque patient va y réagir différemment. Tout le monde n’utilisera pas le même type de cannabis, la même dose, selon sa maladie, explique-t-elle. Niveau recherche, nous n’avons découvert pour le moment que la partie émergée de l’iceberg. Je crois que cette industrie pourra nous apporter encore plus de solutions, de guérisons, créer encore plus de médicaments à base de cannabis. C’est seulement une question de temps.«
Le secteur a le vent en poupe et attire de grands noms. L’ancien Premier ministre et chef d’état major Ehud Barak est ainsi devenu, il y a un an, le président d’InterCure, une société spécialisée dans la culture de cannabis.