La population des campagnes a effectué des sauvetages de Juifs, parce que c’étaient des frères : un square des Justes de France rend hommage aux familles juives vouzinoises et à leurs sauveteurs.
« C’est déjà énorme » commente Christine Dollard-Leplomb, historienne, spécialiste de la Shoah. Les nazis ont demandé 6000 Juifs pour les faire travailler en France, dans les Ardennes, ce sont 730 qui sont arrivés. « Dans le milieu rural, les Juifs ont été protégés, la population des campagnes n’était pas celle qu’on croit, elle e a effectué des sauvetages de Juifs ils les ont sauvés parce que c’était des frères, nous avions des habitants qui étaient capables d’ignorer les injonctions. »
C’est pourquoi dans les Ardennes, il y eut 110 sauvetages de personnes juives « C’est beaucoup », confirme Mme Dollard-Leplomb. Au regard de ce passé douloureux mais héroïque pour certaines familles ardennaises, le Square des Justes de France a été inauguré samedi matin, au 86 rue Gambetta à Vouziers.
Des familles juives vouzinoises assassinées
En présence d’Élisabeth Coppée-Martin, assistante parlementaire représentant Marc Laménie sénateur, de Christine Dollard-Leplomb, de Lydie Picart de l’association des déportés internés résistants et patriotes, de l’adjudant Frédéric Passenart représentant les sapeurs pompiers de Vouziers, des porte-drapeaux des différentes associations patriotiques ainsi que les représentants des divers services officiels
C’est sous une pluie battante que le maire de Vouziers, Yann Dugard, a souligné lors de son allocution : « Comment en sommes nous arrivés à baptiser un espace public de la ville de Vouziers ‘Square des justes de France’? C’est un mélange d’histoire et de vie personnelle. L’histoire de Vouziers est intimement liée à cette page dramatique de la Seconde guerre mondiale avec l’enlèvement, la déportation et l’assassinat des membres de familles juives de notre cité. Descendants d’une lignée de commerçants, bouchers, marchands de bestiaux et marchands de chevaux. De par leurs activités, les familles Lévi, Scheuer, Marx, sont des noms qui font partie de ma vie. Il m’arrive de faire référence à l’éducation que m’ont donnée mes parents et ce matin c’est mon père que je souhaite associer à ce moment car j’en suis certain, il aurait aimé être à vos côtés. Il m’a appris à ne jamais avoir de préjugés et d’accepter les gens pour ce qu’ils sont. »
En janvier 2016, le maire propose en collaboration avec Christine Dollard-Leplomb, à la commission chargée de travailler sur le baptême des lieux public l’appellation « Justes de France ». En mai de la même année, le conseil municipal délibère. C’est cet espace au 86 rue Gambetta discret, ombragé, mais pas trop à l’image de ce qu’a dû être leur vie durant cette période, qui est retenu et inauguré samedi.