C’est un scandale qui dure : cette femme, Malka Leifer, qui est sous le coup de 74 inculpations pour agressions sexuelles en Australie, protégée par Yaakov Litzman, lui-même soupçonné de corruption et abus de confiance, n’est toujours pas extradée.
Cela fait plus de 10 ans que cette femme a quitté l’Australie après avoir été juste renvoyé de l’établissement où des jeunes filles ont porté contre elles de très graves accusations de pédophilie, la procédure traîne, est entravée par les pressions exercées par Yaakov Litzman sur les instances chargées de juger de sa santé mentale, et cela devient juste un scandale.
Le résultat ? Les australiens sont écœurés, et parlent de dégradations de leurs relations avec Israël. Le député libéral de Wentworth, Dave Sharma, a raconté au parlement fédéral l’histoire de Malka Leifer et de la longue bataille pour l’extrader d’Israël à Melbourne. Voici le discours qu’il a prononcé.
« Je souhaite parler à la Chambre d’une question importante de justice. Malka Leifer, qui était directrice de l’école Adass Israel à Elsternwick (Melbourne), a quitté l’Australie en 2008, deux jours après avoir été renvoyée par la commission scolaire au sujet d’allégations concernant sa relation avec certaines élèves de son école. En 2013, 74 accusations d’agression sexuelle ont été déposées contre Mme Leifer en lien avec son séjour à l’école Adass Israel.
En 2014, l’Australie a officiellement demandé l’extradition de Mme Leifer afin de faire face à ces 74 accusations. La même année, en 2014, cette demande d’extradition a été déposée devant le tribunal de district de Jérusalem. Je m’en souviens bien. Je représentais à l’époque l’Australie en Israël en tant qu’ambassadeur. Je me rappelle distinctement avoir reçu et officiellement transmis notre demande d’extradition. Je m’attendais à ce que l’affaire soit simple, que les rouages de la justice fonctionnent et que nous voyions Mme Leifer extradée en Australie dans un délai de 12 à 18 mois afin de faire face à la justice pour les accusations les plus graves portées contre elle.
Mais je regrette d’annoncer que, malgré les cinq années qui se sont écoulées depuis, il semble que nous ne sommes pas près de voir cette demande d’extradition satisfaite. Il y a eu plus de 60 audiences dans cette affaire en Israël et, pourtant, nous ne sommes pas près de voir l’extradition de Mme Leifer. C’est non seulement un affront à la justice, mais également un traumatisme profond pour les victimes de ces abus. Cela porte atteinte à la réputation d’Israël et devient de plus en plus un sujet de discorde et de friction dans nos relations par ailleurs positives et productives avec Israël.
Lors de la dernière audience sur cette affaire, le 10 octobre, la Cour suprême d’Israël a annulé une décision presque inexplicable prise par un tribunal inférieur la semaine précédente de libérer Mme Leifer pour la mettre en résidence surveillée. La Cour suprême a ordonné qu’elle reste en prison pour le reste de la procédure judiciaire engagée à son encontre.
Mme Leifer a toujours utilisé des affirmations concernant son état mental pour contrecarrer et retarder les tentatives d’extradition. La volonté du système juridique israélien de considérer ces prétentions ne semble tenir aucunement compte de la fragilité mentale des victimes présumées de Mme Leifer et de leur désir légitime que justice soit rendue dans cette affaire. Je note que la juge Anat Baron de la Cour suprême israélienne a déclaré lors de l’audience de la semaine dernière : ‘Le doute quant à la crédibilité de la défenderesse dans tout ce qui concerne son état mental fait craindre qu’il s’agisse d’une tentative de sa part d’échapper à la justice et de perturber la procédure judiciaire.’ Je soutiens cette position.
Les députés devraient savoir que la police israélienne a recommandé l’inculpation du ministre adjoint de la Santé, Yaakov Litzman, pour avoir apparemment fait pression sur les responsables de son bureau pour empêcher l’extradition. Cette allégation est extrêmement grave. Si cela est vrai, cela constituerait une ingérence flagrante dans le cours de la justice. J’espère que cela fait l’objet d’une enquête complète et impartiale.
Je ne doute pas de l’indépendance et de l’intégrité du système juridique israélien, pas plus que de l’engagement du ministère de la Justice israélien à poursuivre l’affaire en justice. Mais cela suffit. Cette affaire dure depuis trop longtemps. J’approuve les propos de l’ambassadeur d’Israël en Australie, Mark Sofer, la semaine dernière lorsqu’il a déclaré : ‘Cette affaire dure depuis trop longtemps et rien de moins que justice ne peut être acceptable’.
J’approuve également les propos d’un responsable diplomatique anonyme, cité dans le journal Haaretz la semaine dernière, qui a déclaré: ‘Cette histoire choque le public australien‘ et affirmé que cette affaire porte ‘préjudice aux relations israélo-australiennes‘. Je ne peux que dire, en tant qu’ami, que cette affaire porte effectivement préjudice à nos relations et porte atteinte à la réputation d’Israël en tant que pays de droit.
Il est très important qu’Israël sache à tous les niveaux qu’il s’agit d’un cas important pour l’Australie. C’est un phénomène qui a de plus en plus d’impact sur les relations bilatérales et sur la manière dont Israël est perçu en Australie. C’est un cas dans lequel nous ne lâcherons rien tant que nous ne verrons pas Mme Leifer extradée pour faire face à la justice en Australie. Nous faisons confiance aux victimes de ces terribles abus et nous ferons tout notre possible pour que justice soit rendue dans cette affaire. »
Cela fait des années qu’Israël lutte contre les escrocs qui ont cru trouver refuge « en terre sainte », il est temps d’appliquer le même régime aux délinquants religieux, surtout s’ils sont protégés par des instances religieuses. C’est trop de honte pour le pays.
Line Tubiana avec jwire