Le 21 juillet 1969, les Américains posent le pied sur la Lune. Un exploit rendu possible par un considérable effort financier du gouvernement américain, et par le concours des meilleurs ingénieurs, dont de nombreux étrangers. L’un de ces étrangers, « père » de la fusée Saturne V, s’appelait Wernher von Braun. Il venait d’Allemagne, et avait servi son pays sous le régime nazi, en développant les fusées V1 et V2…
Lorsque la NASA est créée le 29 juillet 1958 comme agence gouvernementale pour fédérer les efforts en matière de recherche spatiale, Wernher von Braun, naturalisé en 1955, est présent sur le sol américain depuis 1945. Cet ingénieur allemand, l’un des plus brillants de sa génération, s’était rendu aux Américains en Bavière, quelques jours avant la fin de la guerre. S’échappant des gardes SS qui le retenaient prisonnier alors qu’il avait compris la défaite inéluctable de son pays, il avait choisi les Etats-Unis par opportunisme, emmenant avec lui ses collaborateurs, et ses précieux plans afin de poursuivre sa carrière.
Le concepteur des fusées du IIIe Reich, assemblées en camp de concentration
Une carrière entièrement dévouée aux fusées, commencée dès les années 1920, et propulsée par l’arrivée au pouvoir des Nazis en 1933.
Hitler et l’armée financeront ses recherches militaires. Avec pour résultat les funestes programmes V1 et V2, ces fusées tirées à la fin de la guerre sur l’Angleterre et les Pays-Bas. Assemblées à Peenemünde puis dans les tunnels du camp de concentration de Dora, annexe du camp de Buchenwald, dans des conditions extrêmes. Elles feront des milliers de victimes parmi les ouvriers du camp – plus que parmi les civils anglais ou hollandais pris pour cibles.
Quel fut le rôle de von Braun dans l’exploitation de ces hommes ? S’il s’est toujours défendu d’avoir collaboré avec les nazis par idéologie, de nombreux témoignages ont fait part de sa sévérité vis-à-vis de ses prisonniers, illustrant le caractère d’un homme prêt à tout pour assouvir sa soif dans le progrès technologique de ses inventions. Très vite, Wernher von Braun intègre la SS. Une obligation ? « Non, assure l’historien Laurent Thiery. D’autres, qui ont travaillé pour le régime nazi, n’ont jamais adhéré à la SS. Von Braun, lui, y a obtenu le grade de capitaine. De plus, il avait adhéré au NSDAP [le parti nazi, NdlR] dès 1937. »
En 1973, un numéro des Dossiers de l’écran révélait ainsi toute l’horreur de sa supervision dans le camp de Dora. Un ancien prisonnier, François Lelionnais, confirmait la présence de von Braun « à des pendaisons collectives », ce dernier allant même jusqu’à « désigner certaines pendaisons », ou à « assister à des tortures », en punition des sabotages, fréquents dans les chaînes d’assemblage.
On pourrait alors imaginer aisément le courroux des Américains à son égard. Bien au contraire, alors que se dessine déjà la future confrontation avec l’Union soviétique, l‘opération Paperclip a pour but de recruter le plus grand nombre de savants allemands, de les installer aux Etats-Unis, et de leur donner les clés de laboratoires afin de continuer leurs travaux scientifiques pour le compte de l’Amérique.
Au service de l’armée américaine
C’est ce que va faire Wernher von Braun. En 1950, il est appelé à reprendre du service à la tête du Redstone Arsenal. Il y met au point le premier missile balistique guidé américain, le Redstone, inspiré de sa V2 allemande, et les fameux missiles Pershing et Jupiter. Cinq années plus tard, bien que gardant son légendaire accent germanique, il devient citoyen américain.
Plus facile de devenir américain avec un passé de tortionnaire nazi, que si l’on est un juif demandant l’asile justement pour se mettre à l’abri de ce régime ignoble! Money is money, et les « intérêts de la nation » priment sur la vie des juifs qui ont été laissés à leurs bourreaux. Ces ingénieurs nazis ont été accueillis à bras ouverts, intégrés dans les plus hautes sphère de l’économie, et fuck leurs crimes nazis.
La carrière incroyable d’un tortionnaire nazi
Lorsque la NASA est créée en 1958, von Braun et ses ingénieurs allemands sont affectés à cette nouvelle agence gouvernementale et les recherches s’intensifient. Désormais, passé du militaire au civil, il se consacrera à la réalisation de fusées pacifiques. La décennie s’ouvre sur un exploit du pilote Alan Shepard : le 5 mai 1961, ce dernier devient le premier Américain envoyé dans l’espace, en effectuant un vol de 15 minutes dans une capsule lancée par une fusée Mercury-Redstone… elle aussi conçue par l’incontournable von Braun.