La nouvelle est tombée hier : l’assassin Kobili Traoré qui a jeté Sarah Halimi par la fenêtre en hurlant « allah oukbar », pourrait ne pas être jugé pour abolition ou altération du jugement.
C’est une nouvelle qui paraît insensée, incroyable et désespérante. Une dame juive est assassinée chez elle par un forcené, et l’enfoiré est juste irresponsable. Il la choisit elle, parmi tous les résidents de cet immeuble, s’acharne sur elle avec violence, la roue de coup et la défenestre, et la raclure avait juste perdu la tête.
Comment peut-on arriver à de pareilles conclusions ? La qualification d’antisémitisme avait déjà été compliquée à établir, et l’on entendait en boucle : altération ou abolitio » de la responsabilité, action effectuée sous l’abus de cannabis, bouffée délirante, et autres conneries qui toutes tendaient à dédouaner Traoré de la responsabilité du meurtre de Sarah et du caractère antisémite de cet assassinat sauvage.
Malgré la lutte de toute la famille de Sarah, malgré la mobilisation de toute une partie de la population qui n’arrive pas à imaginer que l’assassinat d’une juive par un pourri aux cris de « allah oukbar » puisse être dénué d’antisémitisme, malgré les plaies du pays causées par des violences djihadistes massives et aveugles, il se trouve encore dans le pays des personnes, juges, experts pour affranchir un meurtrier musulman qui s’en prend à une juive.
Pour ne pas stigmatiser ? Pour ne pas amalgamer ? Pour compenser à cette occasion les violences commises par les forces de l’ordre au délit de faciès ? Pour se faire une virginité et faire oublier le refus d’accueil des jihadistes ?
Quelles que soient les raisons, elles sont mauvaises, et sont un signe à une population dangereuse que les crimes antisémites ne sont pas punis à l’aune de leur gravité et de leur violence. C’est aussi un signe donné aux juifs que tous les boniments que l’on a entendus, tous les plans de lutte et autres bobards que l’on nous sert à volonté, ne sont que des écrans de fumée, et que chacun doit tirer ses conséquences sur la valeur des promesses et des belles paroles face à la réalité.
Line Tubiana