C’est la première fois que des levures antiques sont utilisées pour créer une bière antique, selon les chercheurs de l’Autorité des antiquités israéliennes et trois universités du pays.
Des chercheurs israéliens disent avoir réussi à extraire de la levure d’anciennes jarres pour fabriquer une bière semblable à celle que les pharaons buvaient il y a plus de 3 000 ans. Deux produits ont été présentés à la presse, mercredi 23 mai : une bière avec une teneur en alcool de 6% et un goût similaire à une bière de blé, ainsi qu’un hydromel dont le taux d’alcool est de 14%.
Les génomes des levures ont été fermentés
C’est la première fois qu’une bière est créée avec de la levure antique, ont assuré des chercheurs de l’Autorité des antiquités israéliennes ainsi que de trois universités qui ont travaillé sur ce projet. « Lorsque nous avons apporté cette bière et, assis autour d’une table, nous l’avons bue, nous avons levé un toast« , a déclaré Aren Maeir, un archéologue de l’université de Bar-Ilan. « J’ai dit : soit tout se passera bien, soit nous serons tous morts dans cinq minutes. Nous avons survécu et nous sommes là pour raconter cette histoire ».
Au total, six types de levures ont été extraits des débris de jarres découvertes sur des sites archéologiques. L’une d’elle a été retrouvée dans le centre d’Israël, près du lieu du combat raconté dans la Bible entre le géant Goliath et le futur roi David. D’autres sites se trouvaient dans le désert du Néguev, qui faisait partie à l’époque de l’Egypte des pharaons, ainsi qu’à Tel-Aviv et dans la région de Jérusalem.
De la levure vieille de 5 000 ans a été retrouvée, selon l’Autorité des antiquités, mais la bière a été fabriquée avec une levure datant d’il y a environ 3 000 ans, ont précisé les chercheurs. Pour parvenir à brasser de la bière et fabriquer de l’hydromel à partir de ces levures, les chercheurs ont fait appel à des méthodes modernes. Ils ont aussi dû faire fermenter leurs génomes.
« C’était délicieux »
L’expérience a réservé certaines surprises aux scientifiques, puisque l’une des levures découvertes ressemblait à celle utilisée dans la bière traditionnelle au Zimbabwe, selon Ronen Hazan, microbiologiste à l’université hébraïque de Jérusalem. Une autre présente des similitudes avec celle utilisée dans la fabrication d’un hydromel éthiopien appelé « Tedj ».
Dans l’avenir, les chercheurs espèrent troquer les méthodes modernes pour les recettes antiques, et d’éventuellement commercialiser les bières obtenues par ce procédé. En effet, le but de cette expérience n’était pas seulement de récréer un breuvage peut-être apprécié par les pharaons, mais il s’agissait également de reconstituer les pratiques des brasseurs d’il y a plusieurs millénaires.
« En plus du plaisir de boire la bière du temps des pharaons, cette recherche est extrêmement importante pour l’archéologie expérimentale », rappelle Yitzhak Paz, un archéologue de l’Autorité des antiquités israéliennes. Il a rappelé le caractère inédit de ces travaux. « Jusqu’à présent, les chercheurs utilisaient des recettes anciennes avec des matériaux modernes. C’est la première fois que nous utilisons des substances anciennes pour créer une bière antique. »
Et le goût, dans tout ça ?« C’était délicieux, assure Yitzhak Paz. Bon, je bois beaucoup de bière, donc je peux être un bon juge. »