Alors qu’ils se disputent mardi soir une place en finale de la Ligue des champions, Tottenham et l’Ajax Amsterdam sont liés par leur « identité » juive.
C’est une histoire parallèle. Un ralliement à une identité. L’Ajax et Tottenham ne sont pourtant pas des clubs juifs à proprement parler mais ils ont tous les deux embrassé cette identité au tournant des années 1970 et 1980. A chaque fois, cette affirmation est née dans la réaction. Face à l’hostilité croissante et aux chants injurieux des supporters adverses, la majorité des fans a pris le partie de revendiquer une identité qui était minoritaire. A Tottenham, selon un sondage réalisé en 2014, à peine 10% des abonnés sont issus des communautés juives installées dans le nord de Londres pour fuir les persécutions en Russie et en Europe dans les années 1900 puis 1930 et 1940.
Yids et Super-Juifs
« Les deux clubs célèbrent une partie de leur identité. Les supporters n’ont pas rejeté les juifs, alors que les juifs ont pu être rejetés ailleurs. Je suis juif et je me sens en sécurité dans les tribunes de Tottenham », assure Alan Fisher, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire des « Spurs ». Tottenham a aussi été détenu par plusieurs propriétaires juifs, dont l’actuel président, Daniel Levy, renforçant encore l’image d’un club juif. En réponse à l’antisémitisme qui sévit dans les stades de foot néerlandais, les fans de l’Ajax ont eux adopté le nom de « Superjoden » (« super-juifs ») et brandissent régulièrement des drapeaux israéliens géants dans les tribunes. Même combat et même réaction chez les Spurs dans les années 70. Comme un pied de nez aux provocations des autres clubs londoniens, supporters juifs et non juifs ont eux aussi répondu en s’appropriant le terme de « Yid« , un terme péjoratif pour désigner une personne de religion juive.
Deux clubs en communion
« Ce que les deux clubs ont en commun, c’est d’avoir été victimes d’antisémitisme de la part des clubs rivaux« , insiste Alan Fisher auprès de l’AFP. « Les supporters ont alors pris pour eux cette identité, +Yids+ à Tottenham ou +Superjoden+ à Amsterdam. Ce n’est pas un acte volontaire, mais une réaction. » Une histoire qui a forcément rapproché les deux clubs et leurs supporters. Il n’est pas rare de voir des tifos et des soutiens de chaque côté. « Beaucoup de supporters de l’Ajax suivent Tottenham. On est accueilli avec plaisir au stade de l’Ajax, quand on porte un maillot de Tottenham », note l’auteur londonien. Une communion qui va jusqu’à l’idée du beau jeu chère à l’école ajaccide même si les Néerlandais restent les maîtres en la matière.