Quatre arrêtés de fermeture provisoire ont été pris vendredi par le préfet du Val-de-Marne contre des crèches et nurseries privées de la communauté juive de Fontenay-sous-Bois.
C’est un véritable bunker qui dresse ses grilles noires sur la rue Emile-Zola. Derrière, protégé des regards, le complexe éducatif Beth Menahem à Fontenay-sous-Bois. La nurserie et la crèche, comme deux autres structures d’accueil d’enfants, dont un multi-accueil de 100 places dirigées par l’association éponyme de confession juive, sont fermées depuis ce lundi. Elles accueillaient quelque 130 enfants.
Le préfet du Val-de-Marne a pris quatre arrêtés de fermeture provisoire ce vendredi, mis en ligne sur le site de la préfecture. Une mesure conservatoire de quatre mois justifiée par les services de l’Etat suite aux inspections réalisées par le conseil départemental faisant état de graves manquements aux règles de sécurité et d’hygiène « compromettant la santé, la sécurité, le bien-être physique et moral des enfants ».
Des parents donnent l’alerte
Matelas collés à même le sol près des congélateurs, matériels vétustes et dangereux dans les espaces de vie des enfants, linge étendu sur les radiateurs au risque d’un incendie, sorties de secours entravées, normes d’hygiène douteuses avec de la moisissure à portée de main, tomates comestibles posées sur la poubelle, fils électriques dénudés… la liste est longue. Ce sont des parents, qui, les premiers, donnent l’alerte au département, selon nos informations.
« Un signalement a été reçu en décembre 2018 et nous avons enclenché un premier contrôle en janvier », confirme le conseil départemental, dont la direction de la protection maternelle et infantile (DPMI), est chargée de la surveillance. Un contrôle par an « au moins » est effectué dans les structures de petite enfance publiques et privées.
Dans un courrier du 23 janvier, le président du conseil départemental Christian Favier (PCF) enjoint le couple qui anime l’association — lui médecin est responsable, elle chargée de la gestion des structures — à effectuer dans un délai de quinze jours les mises en conformité. Le 21 mars, le responsable de l’association est reçu par le sous-préfet de Nogent.
Deux rappels à l’ordre
Huit jours après, un nouveau contrôle est mené avec neuf médecins de la DPMI, simultanément dans les différentes structures. Le constat est sans appel. Le 2 avril, la DPMI résume dans son rapport final d’inspection « outre la persistance de certaines déjà relevées, l’existence de nouvelles non-conformités ». Telles que l’absence de directrice à Gan Pardess, rue Jean-Zay, un taux d’encadrement par du personnel diplômé insuffisant ou encore l’absence de protocoles médicaux et de sécurité. Des irrégularités similaires à celles que l’on retrouve dans les arrêtés visant Haya Moussia, rue des Moulins et Vie des petits, rue Emile-Zola.
« Je suis catastrophé devant l’importance de la décision pour répondre à des problèmes de mise en conformité, semble tomber des nues Daniel Danan, président des associations et de Beth Menahem. Nous avions la bienveillance des services, et il y a eu une perte de confiance. Ils ont débarqué à douze sans prévenir alors que si on nous avait donné un délai nous aurions pu résoudre les problèmes petit à petit. » Le responsable, par ailleurs médecin, qui se défend d’avoir connu une seule « épidémie » pointe lui-même un « manque de formation des personnels clair » tandis qu’il « essaie de donner des consignes ».
Problème de garde à la rentrée
« Des parents ont retiré leurs enfants et ont signalé les irrégularités au conseil départemental, confie mal à l’aise un représentant de la communauté juive de Fontenay qui préfère rester anonyme. Il y a eu des dénonciations, de la part du personnel également. Les autres parents étaient très satisfaits de l’accueil, ils sont tombés des nues. Le problème va se poser à la rentrée des vacances d’accueillir ces enfants qui représentent presque un tiers des enfants accueillis dans les crèches de la ville ».
Selon nos informations, des contacts ont été pris avec la communauté juive, par les autorités. La liste des assistantes maternelles agréées, demandée par le département à la CAF, devait être fournie aux parents.
A la mairie de Fontenay, on botte en touche. « Pas de déclaration », indique-t-on au cabinet du maire (Front de gauche), tandis que les associations ne touchent aucune subvention municipale.