Le Centre Pompidou expose l’œuvre éclectique de l’artiste belge,Stéphane Mandelbaum, où se télescopent Rimbaud, Pasolini, Goebbels…
Il serait dommage de s’appesantir sur la fin tragique de Stéphane Mandelbaum et d’oublier l’essentiel, le début d’une œuvre que les « circonstances » ont rendu tragiquement brève. Né à Bruxelles en 1961, l’artiste fut retrouvé mort par des enfants, dans une cavité rocheuse près de Namur en 1985. Selon toute vraisemblance, Mandelbaum, qui avait pris part aux cambriolages de deux tableaux, dont un Modigliani, aurait été tué par ses complices.
L’exposition au Centre Pompidou souligne les talents exceptionnellement précoces de ce jeune homme dyslexique, que ses racines juives ont plongé dans un questionnement insoluble. La place de la Shoah, la survie d’un grand-père déporté, la transmission de la judaïté… Ces aspects hantent la cinquantaine de dessins au fusain, au stylo bille et, plus rarement, aux crayons de couleur, qui sont accrochés dans la galerie d’art graphique.
On y croise des portraits de famille, des figures admirées (Rimbaud, Bacon et Pasolini), d’autres beaucoup moins, comme le SA Ernst Röhm ou Joseph Goebbels. Stéphane Mandelbaum a puisé à de multiples sources : la Renaissance, le baroque, Hergé, la photographie, etc. Il en a jailli une œuvre d’une inextinguible colère, teintée d’humour noir et parcourue de symboles sexuels. Après des passages dans des galeries et des centres d’art, c’est la première fois que le travail de Stéphane Mandelbaum est exposé dans une grande institution.
Stéphane Mandelbaum. Jusqu’au 20 mai. Tlj. sf mar. 11h-21h. Centre Pompidou, niv. 4, galerie d’art graphique, place Georges-Pompidou, 4e. 11-14 €.