Ce 6 avril 2019, dans l’Ain, on commémore, à la maison d’Izieu, les 75 ans de la rafle des 44 enfants juifs, âgés de 4 à 17 ans, et de leurs 7 éducateurs, sur ordre de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon. Déportés à Auschwitz, ils ont été gazés à leur arrivée.
La maison d’Izieu, fondée par Sabine Zlatin et son mari, a accueilli de mai 43 à ce tragique jour d’avril 44, 105 enfants juifs. Malheureusement, quand les nazis, conduits par Barbie, débarquent à la colonie, 44 s’y trouvent encore. Ils sont emmenés à Drancy puis partent pour Auschwitz, où ils seront exterminés.
Déportés parce que juifs
La rafle des enfants d’Izieu est un crime contre l’humanité, jugé en 1987 à Lyon. Barbie, qui s’était réfugié en Amérique Latine où il vivait sous un nom d’emprunt, est retrouvé par les époux Klarsfeld. Dominique Vidaud, directeur de la maison d’izieu, nous raconte comment Barbie a pu être traduit devant la justice française : « Le soir de la rafle, Barbie a envoyé un télex à ses supérieurs pour leur rendre compte de son action. Ce télex avait été évoqué lors du Procès de Nuremberg puis retrouvé par les époux Klarsfeld. Cela a constitué une preuve de sa culpabilité. »
Un deuil impossible
Parmi les enfants raflés, il y avait Claudine, qui venait de fêter ses 5 ans et sa sœur Mina, 8 ans et demi. Leur grand frère Alexandre Halaunbrenner, qui lui se cachait à Lyon avec sa mère, n’a appris leur mort qu’en 1946.
75 ans plus tard, il pleure toujours ses petites sœurs disparues : « Je pense à elles tous les jours. d’elles, il ne me reste que des photos jaunies. Je me souviens. J’adorais m’occuper de Claudine, qui était plus petite que moi et je jouais beaucoup avec Mina. Ma mère les avaient confiées à Izieu, en pensant les protéger. Je n’ai jamais pu faire mon deuil. Avec ma mère, on a été parties civiles dans le procès Barbie à Lyon. »
Malgré sa maladie et ses 88 ans, Alexandre sera présent à Izieu, aux côtés des époux Klarsfeld, surnommés les chasseurs de nazis.
Une commémoration dense et émouvante, 75 ans après le drame
Cette commémoration s’annonce très dense et pleine d’émotion, avec, à partir de 10H45, des chants d’enfants, des lectures de textes, une exposition en présence de nombreuses personnalités. La maison d’Izieu est aujourd’hui un lieu de mémoire de la Shoah qui reçoit 30 000 visiteurs par an, dont 14 000 scolaires.