Après le Salon de l’agriculture, direction le marché de Rungis qui fête ses 50 ans cette semaine et constitue l’autre passage obligé des politiques. Son patron y retrouvera certainement de vieux camarades de l’Ena.
Le Salon de l’agriculture n’a pas déçu ce week-end, avec en guest-star la vache Imminence, des chameaux, des yacks et des alpagas. Les animaux politiques sont venus nombreux pour tenter de leur voler la vedette. Le seul endroit où l’on en croise autant, c’est au marché de Rungis, en période électorale. Un passage obligé pour tous les candidats voulant honorer les lève-tôt. Ça tombe bien, le marché fête ses 50 ans cette semaine et prévoit tout plein de festivités pour réconcilier la France d’en bas et d’en haut. Son patron, Stéphane Layani, connaît bien les deux. Né en Algérie de parents pieds-noirs, il a rejoint l’élite de la nation à Sciences po puis l’Ena. C’est là qu’il rencontre sa femme, Marie-Anne Barbat-Layani, aujourd’hui patronne du lobby bancaire (FBF). Emmanuel Macron est un proche, côtoyé à l’Inspection des finances. Les deux compères ont même écrit un rapport sur la pêche qui a été remisé au placard, comme tous les autres. Les poissons déjà…
Mais après ça, Stéphane Layani a plutôt mis les mains dans la terre. Profonde, même, puisqu’il s’agissait de liquider les charbonnages de France et d’accompagner la reconversion des mineurs. L’homme ne le cache pas, son coeur bat plutôt à gauche. Il a songé à faire de la politique mais pour préserver sa vie de famille, s’est contenté de quelques postes de cabinet sous Lionel Jospin. Des Mines, il est passé au MIN, le marché d’intérêt national de Rungis. Compagnon du Beaujolais, Guilde des fromagers, Académie du mardi Gras, Ordre des Chevaliers Bretvins… Ses titres de gloire ne l’aident pas à garder la ligne. Agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, ils sont nombreux à vouloir lui graisser la patte, et le reste.
Lucie Robequain