En opposition avec la direction du Labour sur un nombre croissant de sujets, gestion des affaires d’antisémitisme et Brexit en tête, des élus opposés au chef du parti, Jeremy Corbyn, ont annoncé leur décision de créer un groupe indépendant au Parlement.
Le point de non-retour a été atteint. Après des mois de spéculations sur un éventuel schisme au sein du Parti travailliste, sept députés ont sauté le pas, lundi 18 février. “Embarrassés” par l’état du Labour, fustigeant “une culture de l’intimidation et du sectarisme”, les rebelles ont signifié au cours d’une conférence de presse leur rupture avec la direction du principal parti d’opposition britannique. Pour ces élus modérés, leur ancienne formation politique a été “noyautée par la gauche radicale”, à la suite de l’élection de Jeremy Corbyn en 2015.
Leurs désaccords se sont récemment cristallisés sur la gestion des affaires d’antisémitisme qui secouent régulièrement le Labour et sur l’ambiguïté relative au Brexit. Emmenés par Chuka Umunna, ancienne étoile montante du parti, “ils sont furieux que Corbyn ignore (selon eux) la majorité de militants et de sympathisants travaillistes qui souhaiteraient voir le parti soutenir un second référendum”, explique The Spectator.
Les sept members of Parliament siégeront désormais en tant qu’indépendants à la Chambre des communes, sous le nom de “The Independent Group”. S’ils n’ont pour l’heure pas annoncé la création d’un nouveau parti, la manœuvre rappelle le schisme survenu en 1981, lorsque quatre cadors du Labour avaient fondé le Social Democratic Party. “Arriveront-ils à faire aussi bien que le club des quatre, qui avait réussi à faire élire 35 députés ? Comme pour les conséquences de la Révolution française, il est encore trop tôt pour le dire”, constate Stephen Bush sur le site de l’hebdomadaire New Statesman.
“Cette annonce sera certainement accueillie avec consternation et fureur par le reste du Labour, alors que des efforts étaient engagés depuis plusieurs semaines pour éviter une telle issue”, estime The Guardian. De son côté, Jeremy Corbyn s’est dit“déçu que ces députés ne se sentent plus capables de travailler ensemble pour promouvoir des mesures qui ont inspiré des millions de personnes lors des dernières élections”.